Faits divers
Casque d'or, la muse des Apaches
Été 1952. Les grandes salles de cinéma parisiennes se pavoisent d’une affiche où apparaît, drapée dans une robe rouge sang, Simone Signoret.
Jacques Le film événement réalisé par Becker, c’est Casque d’or. À ses côtés se trouvent Serge Reggiani, Claude Dauphin et Raymond Bussières. Ce film d’amour sur fond de monde interlope, les Apaches de Belle v il leMénilm on tant à la Belle Époque, est inspiré de faits réels. La Marie du film est en réalité Amélie Elie (ou Hélie).
Née le 4 mars 1878 à Orléans, elle découvre le Paris haussmannien alors qu’elle est encore toute gosse.
Très vite, Amélie, qui se retrouve à la rue suite au décès de sa mère, s’affranchit. À 13 ans, elle vit à la colle avec un mauvais garçon à peine plus âgé qu’elle. On la retrouve traînant dans quelques louches gargotes, dans les « mouises » (les soupes à l’oignon) aux Halles, dans les « guinches » de la rue de Lappe ou de La Courtille où gambillent couples d’alphonses, rôdeurs et gigolettes. se de Charonne. Volage, Amélie chef retrouve dans les bras d’un autre – un de bande – celle de Popincourt Leca. dénommé François Dominique en amour Les deux hommes, rivaux pas à comme en affaires, ne tardent
attribue La prostitution, à laquelle elle ses un rôle quasi humanitaire, occupe jours et surtout ses nuits.
À un « bal ces des vaches », comme on appelle l’arrière bals mal famés se déroulant dans tombe des mastroquets, Amélie en amour pour un ouvrier-polisseur, Joseph beau gars de 22 ans, nommé surnomme Pleigneur mais que tout le monde pas Manda. L’homme n’est comme foncièrement mauvais, mais, « marmites beaucoup de « gouges » ou de a de », la belle de Pleigneur assurer sacrées exigences, et il lui faut se s’il veut la garder. Alors, Manda pente. retrouve vite sur la mauvaise chef L’ouvrier se fait Apache et même le quartier de la bande des Orteaux, dans chroniqueurs participent à la création de la légende d’une petite gagneuse, du Amélie Élie, désormais affublée Le Petit sobriquet de Casque d’or. instaurent Parisien, Le Matin, Le Journal », affolant leur rubrique « Paris Apache ainsi le compteur de leurs tirages, flirtant avec le million d’exemplaires ! rue des se défier. Le 9 janvier 1902, et des Haies, près des rues de Bagnolet Pyrénées, les deux bandes s’affrontent. Leca est touché assez sérieusement. Quant à Manda, il a filé à l’anglaise. Leca À sa sortie de l’hôpital Tenon, embuscade tombe à nouveau dans une de où il reçoit « trois coups MandaLeca surin ». L’affaire des Apaches Dupin interpelle la presse. Arthur Petit Journal « Ce sont écrit à la une du : West, là des moeurs d’Apaches, du Far Pendant indignes de notre civilisation. en une demi-heure, en plein Paris, rivales plein après-midi, deux bandes des fortifs, se sont battues pour une fille coiffée une blonde au haut chignon, Les feuilletonistes et à la chien ! »
Alors que la police traque Manda, c’est le théâtre qui courtise Casque d’or. Aux Bouffes du Nord, elle s’apprête à monter sur scène vie. pour interpréter sa propre
la Mais, Manda est enfin serré par police. Il accuse Casque d’or d’avoir trempé dans plusieurs sordides affaires de vol. À peine incarcéré à la prison de Saint-Lazare, Manda revient sur ses déclarations : « Oui, nous nous sommes battus, le Corse et moi, mais c’est parce que nous aimons la même femme. Parce que nous l’avons dans la peau ! » Amélie est à nouveau libre. Mais le préfet de police Louis Lépine fait interdire la pièce à la gloire de celle que Paris appelle désormais « Mademoiselle Nature ».
et Une nouvelle rixe implique Leca Manda. S’ensuit en juin 1902,
un de procès où le Tout-Paris, avide d’or, voir de près la sulfureuse Casque aux se presse. Manda est condamné travaux forcés à perpétuité, direction clément le bagne de Cayenne. Verdict plus pour Leca qui écope seulement après de huit ans de travaux forcés, avoir épousé la Panthère, sa régulière.
des Casque d’or a 24 ans et se range foires voitures. Elle s’exhibe dans des foraines, travaille pour la et fêtes elle ménagerie Mark. En janvier 1917, de épouse André Nardin, un ébéniste quinze ans son cadet.
À ses côtés, elle sur vend du tissu et de la bonneterie Le les marchés de la petite ceinture. à 16 avril 1933, à 55 ans, elle s’éteint Bagnolet dans un total anonymat.