L'édito de Stéphane Bern
Un monde s’éteint, un autre naît. Entre Moyen Âge et Temps modernes, la Renaissance est une époque charnière fabuleuse, qui trouve son origine autant dans l’invention de l’imprimerie de Gutenberg que dans l’arrivée en Italie des savants d’Orient, chassés de Constantinople par les Ottomans en 1453…
Période de transition entre deux mondes, la Renaissance est une explosion artistique, humaniste et théologique, qui se caractérise par de nombreux changements politiques, économiques, scientifiques, sociaux et intellectuels. Cette période de notre Histoire est si riche, si dense, si vaste, qu’il est utile de célébrer le 500e anniversaire de cette Renaissance puisque l’année 2019 permet tout à la fois d’évoquer la fondation du château de Chambord en 1519 et la mort, la même année, de son génial inspirateur, Léonard de Vinci. Loin de nous l’idée de prétendre définir les contours de cette page historique importante, ni même de poser les bornes chronologiques de sa naissance et de son essor. La Renaissance est l’avènement d’une nouvelle ère qui place l’homme au coeur du savoir, du pouvoir, de l’art, des découvertes et du « beau » à l’état pur.
De la révolution copernicienne à la lunette de Galilée, de la fondation du Collège de France par Guillaume Budé à l’édit de Villers-Cotterêts sur l’usage de la langue française, de la redécouverte des textes anciens à l’esprit de Réforme, des constructions florentines de Brunelleschi au David de Michel-Ange, des oeuvres de Raphaël aux châteaux de la Loire, la Renaissance n’a laissé en friche aucun domaine de la pensée et de l’art.
De cette période faste de l’Histoire de l’Europe, trois figures emblématiques se détachent, trois destins royaux redistribuent les cartes du jeu diplomatique: deux rois et un empereur se partagent le monde. C’est pourquoi la rencontre au camp du Drap d’Or continue de fasciner. Il y a là le Français François Ier, roi guerrier et protecteur des arts, ami de Léonard de Vinci qu’il installe près de lui à Amboise; l’Anglais Henri VIII, dont le règne est surtout marqué par la rupture avec l’Église de Rome et la naissance de l’anglicanisme; et, enfin, celui dont l’empire est si vaste que « le soleil ne s’y couche jamais », Charles Quint, qui rêve de reconstituer le grand Empire romain d’Occident mais doit lutter contre l’influence toujours plus grande de la Réforme de Martin Luther. Ces personnages, vrais héros romanesques, sont à l’honneur dans ce numéro de Secrets d’Histoire magazine.
Une autre question mérite d’être soulevée : comment a-t-on pu créer, bâtir, inventer autant ? La Renaissance, ce sont bien sûr des lieux empreints de magie, comme les châteaux de la Loire,
mais aussi des oeuvres qui défient le temps par leur beauté intacte : la Joconde de Léonard de Vinci, génie inclassable et universel, les tableaux de Sandro Botticelli, grand peintre de l’humanisme, ainsi que les sculptures de Michel-Ange, sans doute l’artiste le plus démesuré de son temps. Assurément, la Renaissance est cette époque de feu et de fièvre qui fera naître des joyaux de l’art et de l’esprit. Et comme dans tous les numéros de Secrets d’Histoire magazine, vous retrouverez, au fil de vos rubriques habituelles, la passion du révolutionnaire Camille Desmoulins pour Lucile, les moments clés de la vie de Jean de La Fontaine… L’Histoire, ne l’oublions jamais, est faite par des êtres de chair et de sang, des femmes et des hommes auxquels nous pouvons nous identifier. Car si la Renaissance a remis l’humain au coeur de la société, chacun depuis lors est appelé à participer directement à l’Histoire qui s’écrit. Secrets d’Histoire magazine, au-delà des idées, s’inscrit dans une vision résolument humaine de notre Histoire. Bonne lecture à tous.