Venise, un rêve sur l'eau
Son nom en soi est déjà un voyage. Peu de villes, à leur seule évocation, font autant rêver que Venise. Et que dire de ceux qui y sont nés, y ont vécu, y sont morts même : Casanova, Monteverdi, Chateaubriand, Proust, Wagner, Hugo Pratt, Henry James… Tous ont célébré la beauté et l’âme de la Sérénissime mais aussi sa grandeur passée et sa fragilité présente.
Bâtie sur plus de 100 îlots reliés par 435 ponts, soutenue par des millions de pilotis en bois, Venise est la seule ville au monde reposant entièrement sur l’eau. Son Histoire commence au ve siècle, avec l’arrivée des réfugiés chassés du littoral par les hordes d’Attila puis par celles des Ostrogoths et des
Lombards. Au viie siècle, la région est sous domination byzantine quand la population de la lagune décide, un pas vers l’indépendance, d’élire ses gouverneurs, les fameux doges (dont le nom est dérivé de « dux », « chef » en latin). Ils sont alors installés à Malamocco, sur la partie méridionale de l’île du Lido, cordon sableux séparant lagune et Adriatique. Quelques années plus tard, le
gouvernement est transféré sur l’îlot Rivoalto. On y construit la première mouture de ce qui deviendra le palais des Doges. La cité « Civitas Rivoalti » est reconnue, par les Francs comme par les Byzantins, en 814. En 828, deux marchands rapportent d’Alexandrie les reliques de saint Marc. Une église est spécialement érigée, près du palais, pour les abriter. Le lion, emblème de l’évangéliste, devient le symbole de la ville, désormais indépendante. Naît alors véritablement Venise.
Le sac de Constantinople et la lutte avec Gênes
Dès l’an 1000, afin de marquer les débuts de sa puissance maritime, Venise célèbre la première « Sensa », « Épousailles » entre le doge et la mer qui seront désormais fêtées chaque année, lors des cérémonies de l’Ascension. La cité prend une place particulière au sein de l’empire d’Orient. Au siècle suivant, elle se dote d’un arsenal: c’est à présent une puissance coloniale. En échange de l’aide qu’elle lui fournit dans sa lutte contre les envahisseurs normands et musulmans, Venise obtient des privilèges commerciaux dans tous les territoires byzantins. Elle s’étend jusqu’à la Côte dalmate et ses galères sillonnent l’Adriatique. Comme Gênes et Pise, autres Républiques maritimes, elle tire parti des croisades en livrant navires et vivres aux troupes et en ouvrant des comptoirs en Méditerranée. Dès ce moment, elle est suffisamment importante pour faire la médiation entre la papauté et le Saint Empire romain germanique. Cependant, en 1204, lors de la quatrième croisade, le doge Dandolo organise le pillage de Byzance, devenue Constantinople, et octroie à Venise la plus grosse part du butin. Gênes, la grande rivale, s’allie alors avec les empereurs déchus. Entre les deux villes, la lutte ne va plus cesser. Malgré la défaite vénitienne de Curzola, en 1298, aucune ne prend le dessus.
Il Milione et les grandes expéditions marchandes
Peu à peu, l’expansion économique modifie l’organisation de Venise. Les nouveaux bourgeois enrichis souhaitent gouverner aux côtés des membres des anciens clans patriciens. L’autorité monarchique du doge est contestée. Des assemblées de « sages » sont mises en place, afin de limiter son pouvoir. La République installe des