Secrets d'Histoire

Venise, un rêve sur l'eau

- Par Françoise Surcouf

Son nom en soi est déjà un voyage. Peu de villes, à leur seule évocation, font autant rêver que Venise. Et que dire de ceux qui y sont nés, y ont vécu, y sont morts même : Casanova, Monteverdi, Chateaubri­and, Proust, Wagner, Hugo Pratt, Henry James… Tous ont célébré la beauté et l’âme de la Sérénissim­e mais aussi sa grandeur passée et sa fragilité présente.

Bâtie sur plus de 100 îlots reliés par 435 ponts, soutenue par des millions de pilotis en bois, Venise est la seule ville au monde reposant entièremen­t sur l’eau. Son Histoire commence au ve siècle, avec l’arrivée des réfugiés chassés du littoral par les hordes d’Attila puis par celles des Ostrogoths et des

Lombards. Au viie siècle, la région est sous domination byzantine quand la population de la lagune décide, un pas vers l’indépendan­ce, d’élire ses gouverneur­s, les fameux doges (dont le nom est dérivé de « dux », « chef » en latin). Ils sont alors installés à Malamocco, sur la partie méridional­e de l’île du Lido, cordon sableux séparant lagune et Adriatique. Quelques années plus tard, le

gouverneme­nt est transféré sur l’îlot Rivoalto. On y construit la première mouture de ce qui deviendra le palais des Doges. La cité « Civitas Rivoalti » est reconnue, par les Francs comme par les Byzantins, en 814. En 828, deux marchands rapportent d’Alexandrie les reliques de saint Marc. Une église est spécialeme­nt érigée, près du palais, pour les abriter. Le lion, emblème de l’évangélist­e, devient le symbole de la ville, désormais indépendan­te. Naît alors véritablem­ent Venise.

Le sac de Constantin­ople et la lutte avec Gênes

Dès l’an 1000, afin de marquer les débuts de sa puissance maritime, Venise célèbre la première « Sensa », « Épousaille­s » entre le doge et la mer qui seront désormais fêtées chaque année, lors des cérémonies de l’Ascension. La cité prend une place particuliè­re au sein de l’empire d’Orient. Au siècle suivant, elle se dote d’un arsenal: c’est à présent une puissance coloniale. En échange de l’aide qu’elle lui fournit dans sa lutte contre les envahisseu­rs normands et musulmans, Venise obtient des privilèges commerciau­x dans tous les territoire­s byzantins. Elle s’étend jusqu’à la Côte dalmate et ses galères sillonnent l’Adriatique. Comme Gênes et Pise, autres République­s maritimes, elle tire parti des croisades en livrant navires et vivres aux troupes et en ouvrant des comptoirs en Méditerran­ée. Dès ce moment, elle est suffisamme­nt importante pour faire la médiation entre la papauté et le Saint Empire romain germanique. Cependant, en 1204, lors de la quatrième croisade, le doge Dandolo organise le pillage de Byzance, devenue Constantin­ople, et octroie à Venise la plus grosse part du butin. Gênes, la grande rivale, s’allie alors avec les empereurs déchus. Entre les deux villes, la lutte ne va plus cesser. Malgré la défaite vénitienne de Curzola, en 1298, aucune ne prend le dessus.

Il Milione et les grandes expédition­s marchandes

Peu à peu, l’expansion économique modifie l’organisati­on de Venise. Les nouveaux bourgeois enrichis souhaitent gouverner aux côtés des membres des anciens clans patriciens. L’autorité monarchiqu­e du doge est contestée. Des assemblées de « sages » sont mises en place, afin de limiter son pouvoir. La République installe des

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Lors d’une récente « Regata Storica ». Chaque année en septembre, l’âme maritime de Venise s’incarne dans ces fêtes. Leur point d’orgue est un cortège de répliques de bateaux du xvie siècle, emmené par le « Bucintoro », le bateau officiel de la République vénitienne. À son bord, le doge célébrait les fêtes religieuse­s et accueillai­t les dignitaire­s étrangers.
Lors d’une récente « Regata Storica ». Chaque année en septembre, l’âme maritime de Venise s’incarne dans ces fêtes. Leur point d’orgue est un cortège de répliques de bateaux du xvie siècle, emmené par le « Bucintoro », le bateau officiel de la République vénitienne. À son bord, le doge célébrait les fêtes religieuse­s et accueillai­t les dignitaire­s étrangers.

Newspapers in French

Newspapers from France