La Provence Une terre nature
Peu de régions possèdent une originalité et une diversité aussi exceptionnelles. D’Avignon à Marseille, du pays d’Aix au Verdon, de la Camargue aux Alpilles, les promeneurs qui s’aventurent en terres provençales découvrent, émerveillés, une multiplicité rare de paysages, de traditions, de légendes et d’Histoire. Avec eux, ouvrons cette malle aux trésors naturels.
La Provence couvre six départements, des Hautes-Alpes au Var, en passant par les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, les Alpes-de-HauteProvence et les Alpes-Maritimes. Bâtis anciens et architecture contemporaine, petites et grande Histoires, métropoles et villages, rivières et fleuves, mers et dunes, garrigues…: la Provence est une terre de contrastes qui réunit mille merveilles. Le nom même de Provence est dérivé de la Provincia romaine, née à la fin du
siècle avant notre ère. Ses limites Nord et Est ont beaucoup évolué jusqu’au xixe siècle. Inclus au fil du temps dans les royaumes de Provence, d’Arles ou de Bourgogne, les pays dont elle est composée sont soumis à diverses dominations.
Deux siècles de domination angevine
Au sud de la Durance, le marquisat de Provence passe en partie, en 1218, sous la domination pontificale et y demeure jusqu’en 1791. Au nord, le comté gouverné par des princes locaux d’abord, soumis aux comtes de Barcelone ensuite, devient enfin le vassal des princes de la première et de
la seconde maison d’Anjou, qui y règnent durant plus de deux siècles. Pour les Angevins, investis également de Naples et de la Sicile, le gouvernement de la Provence ne tient qu’une place assez modeste au rang de leurs préoccupations.
Avec les d’Anjou, un âge d’or
Au xiiie siècle, le comte Charles II d’Anjou, entretient les meilleures relations avec le roi de France, Philippe le Bel. Sur sa demande, il reçoit le pape Clément V à Avignon et fait arrêter les Templiers qui possèdent de très vastes domaines en Provence. L’un de ses successeurs, Louis II d’Anjou, passe la plus grande partie de son règne en Italie – il est roi titulaire de Naples. En France, il soutient d’abord le duc d’Orléans contre le duc de Bourgogne, avant de faire volte-face. Sa fille Marie épouse le futur souverain Charles VII. Quant à son fils, le célèbre Bon Roi René, il réside souvent à Tarascon, où il tient une Cour brillante. En 1470, au décès de son unique héritier, René Ier d’Anjou nomme Charles du Maine, son neveu, en Provence. Depuis longtemps, Louis XI convoite la province. En sa qualité de suzerain du Bar et de l’Anjou, il confisque ces duchés avant de les rendre à Charles, à condition que ce dernier, qui n’a plus de successeurs, en assure la transmission au roi de France. Le 15 janvier 1482, les États de Provence approuvent la « Constitution provençale » qui met Louis XI à leur tête et proclame l’union du comté au royaume. Sous le règne des deux maisons d’Anjou, la province connaît un âge d’or. C’est aussi durant cette période qu’elle se réduit aux limites que la nature lui a données: Méditerranée au Sud, Rhône à l’Ouest, Var et Alpes à l’Est, cours inférieur de la Durance et chaîne du Vaucluse au Nord – de nos jours, la Durance supérieure est également incluse. Enfin, la Provence reçoit l’organisation administrative qu’elle gardera jusqu’à la fin de la royauté.
Tribulations royales et division révolutionnaire
En 1483, Charles VIII succède à son père Louis XI, mettant en oeuvre la même politique. La Provence conserve des droits spécifiques avec notamment la création d’un Parlement en 1501 mais elle est, de fait, une province française. Les guerres d’Italie lui valent, sous François Ier, de nouvelles tribulations. En 1524, le connétable de Bourbon, que Charles Quint a investi pour gouverner le territoire, franchit le Var et s’empare de nombreuses villes. Seule Marseille résiste. Le 9 août 1536, à Aix, Charles Quint est couronné roi d’Arles. Mais il ne peut se maintenir dans le pays. Dès 1530, avaient commencé en Provence les luttes religieuses de la Réforme entre catholiques et protestants. Les efforts du duc d’Angoulême, devenu gouverneur en 1577, et la peste de 1579 stoppent leur élan. Par la suite, la Ligue fait des siennes lorsqu’Henri de Navarre hérite de la Couronne. Enfin, la Fronde s’étend en 1659 dans plusieurs villes. En 1789, Mirabeau est représentant du Tiers État à Aix et Marseille. Le décret du 22 décembre 1789, qui divise la France en départements, met fin à l’existence de la Provence : elle est alors partagée en trois puis en six, en 1860.