CONTRÔLER LA MANCHE OUEST : LES FORTS DE SAINT-MALO
Vauban a deux raisons de défendre Saint-Malo. D’abord, ses négociants et ses corsaires viennent régulièrement renflouer les finances royales, exsangues. Ensuite, l’ingénieur songe à fermer le mouillage par une digue, afin d’abriter une flotte de guerre dans des bassins à flot. Saint-Malo contrôlerait ainsi l’ouest de la Manche. Comme c’est le cas pour Rochefort et Brest, ses véritables défenses ne sont pas ses remparts, mais les forts édifiés au large, sur des îlots et des rochers. Harbour, le Petit Bé, le Grand Bé et la Conchée contrôlent en effet les seuls passages permettant aux navires de se glisser au milieu des écueils. À ces défenses rapprochées, s’ajoute un dispositif plus vaste. Prévoyant qu’une escadre, venue d’Angleterre pour attaquer Saint-Malo, cherchera un mouillage pour se regrouper et attendre les meilleures conditions de marée et de vent pour lancer l’assaut, Vauban fortifie le site qui lui paraît idéal: la baie de la Fresnaye, 20 kilomètres à l’ouest et au pied du château fort de la Latte pourvu d’une batterie. De plus, pour prévenir un débarquement dans les baies de l’Arguenon et de Lancieux, une tour de guet et d’artillerie est dressée sur l’île des Hébihens.