À la recherche des origines : qui est vraiment Toutânkhamon ?
Nous connaissons ses traits grâce au masque funéraire retrouvé dans sa tombe. Pourtant, les origines mêmes de Toutânkhamon demeurent, encore aujourd'hui, mystérieuses. Peu nombreux sont les personnages à susciter tant de fascination et d'interrogations à la fois.
De qui Toutânkhamon, né Toutânkhaton, estil le fils? Telle est la question qui n'en finit pas de diviser les historiens. Une inscription, retrouvée à Ashmounein, en HauteÉgypte, prête assurément une origine royale au pharaon. Qui sait déchiffrer les hiéroglyphes peut y lire: « Fils du roi selon la chair, son bien-aimé, Toutankhâton ». Mais qui est ce roi ? Pour les uns, il s'agirait d'Aménophis III, les autres penchent pour Akhénaton. Tous deux appartiennent à la xviiie dynastie, celle du Nouvel Empire, et ont même temporairement partagé le pouvoir. Les tests génétiques effectués sur la momie du pharaon n'apportent pas de réponse décisive. Concernant l'identité de la mère de Toutânkhamon, l'incertitude demeure. Est-ce
Néfertiti, l'épouse d'Akhénaton? Probablement pas. Peut-être est-ce alors Kiya, « épouse bienaimée du roi », qui a donné naissance à celui qui deviendra le douzième pharaon de la dynastie? Ou encore la mystérieuse femme appelée « Younger Lady » par les archéologues qui ont
trouvé sa momie dans une tombe ? Les mariages consanguins, la polygamie, l'habitude qu'ont les souverains d'avoir des favorites n'aident pas à faire la pleine lumière sur sa filiation.
L'enfance princière
Né vers 1345 avant notre ère, Toutânkhamon a passé ses premières années dans la capitale de la région thébaine, probablement dans le palais d'Aménophis III à Malgatta, somptueuse demeure richement décorée. Les objets d'enfance retrouvés dans sa tombe aident à reconstituer le quotidien du petit prince. Il faut l'imaginer richement vêtu et paré, à la hauteur de son rang, comme en témoignent ses tuniques colorées, ses gants, ainsi que les belles boucles d'oreilles, rouges, bleues et or, représentant un oiseau. L'enfant est d'abord confié aux bons soins d'une nourrice, Maïa, puis est éduqué par des précepteurs. Ses souvenirs d'écolier, ses instruments d'écriture, l'ont accompagné dans sa dernière demeure. On apprend ainsi que, pour travailler ou se reposer, il prenait place sur un siège magnifiquement décoré de motifs floraux et géométriques, orné d'un bouquetin et aux pieds sculptés pour imiter des pattes de félin. Pour se changer les idées, comme beaucoup de nobles égyptiens, il pratiquait la chasse, divertissement royal par excellence, ce dès l'Antiquité. Un arc laisse penser qu'il se plaisait à tirer sur les autruches ou les oiseaux aquatiques qui peuplaient les bassins du palais.
Le sacre pharaonien
Toutânkhamon a 9 ans, peutêtre même un peu moins, lorsque son destin bascule à la mort du souverain d'Égypte. Le prince devient pharaon, malgré son très jeune âge. Le voilà alors doté des insignes royaux: le sceptre de couronnement, symbole de sa puissance suprême, adapté à sa taille de roi-enfant, le fouet, les bijoux. Il faut imaginer le poids qui pèse sur ses frêles épaules au moment où il est intronisé. Il reçoit, comme le veut la coutume, son nom de règne: Nebkhéperourê. Au moment où il accède au pouvoir, la situation en Égypte est loin d'être idéale: plusieurs de ses proches sont morts dans des conditions non éclaircies; la situation intérieure est économiquement et politiquement précaire; des tensions religieuses agitent le pays. Autant
Concernant l'identité de la mère de Toutânkhamon, l'incertitude demeure. Est-ce Néfertiti, l'épouse d'Akhénaton ?
de défis auxquels Toutânkhamon, qui doit assumer son statut d'être semi-devin, d'intermédiaire entre les dieux et les hommes, va faire face.
Un début de règne très entouré Étant donné son très jeune âge, de nombreux conseillers entourent Toutânkhamon qui est soumis, pour les premières années de son règne, à une régence. Deux proches, notamment, veillent sur le prince devenu roi et tiennent les rênes du pouvoir à sa place : le général Horemheb et le Divin Père Aÿ succéderont à leur protégé, lorsqu'il mourra précocement. Toutânkhamon peut compter sur des vizirs, des scribes, des fonctionnaires qui s'occupent des questions de justice, d'agriculture, d'impôts. Il y a aussi son épouse, Ânkhesenpaaton. Un peu plus âgée que lui, elle n'est autre que, selon les sources, sa demi-soeur ou sa nièce : leur union devait servir à renforcer la légitimité dynastique. L'Égypte ancienne connaissait déjà les régences et les mariages arrangés : Toutânkhamon les a expérimentés.
Le général Horemheb et le Divin Père Aÿ veillent sur le prince devenu roi et tiennent les rênes du pouvoir à sa place.