Secrets d'Histoire

Après la mort, le retour à la lumière

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Longtemps tombé dans l'oubli après sa mort, pour des raisons tenant aux aléas de l'Histoire, Toutânkham­on connaît une seconde vie lors de la découverte de sa tombe, le 4 novembre 1922. Retour sur plus de trois mille années qui ont fait passer le pharaon de l'ombre à la lumière.

Si Toutânkham­on est probableme­nt mort en l'an 1327 avant notre ère – la date varie selon les sources scientifiq­ues– il faut attendre plusieurs mois pour que se tiennent ses funéraille­s, grandioses, dans le respect des rites égyptiens. Pendant cet intervalle de temps, les ouvriers ne chôment pas : une tombe privée, vide, est choisie dans la vallée des Rois et agrandie afin de recevoir la dépouille royale, avec tout le faste dû à son rang.

Des funéraille­s grandioses

Les murs de la chambre funéraire sont richement décorés de scènes symbolique­s, représenta­nt notamment l'existence de Toutânkham­on. L'étape suivante voit l'installati­on du sarcophage dans la tombe, celle du mobilier et du trésor. Comme tous les riches Égyptiens, qui plus est les pharaons, Toutânkham­on emporte avec lui tout ce qui pourrait lui être utile dans l'au-delà. Sa dépouille a été momifiée, afin de la préserver. La cérémonie d'ouverture de la bouche, qui doit permettre au mort de pouvoir continuer à parler,

est présidée par le fidèle général Aÿ – la scène est gravée sur les murs de la chambre funéraire. Accompagna­nt la momie du roi dans son dernier voyage, une procession composée de courtisans, de prêtres, de pleureuses et de serviteurs, part du palais, jusqu'au Nil. Le défilé traverse le fleuve sur une embarcatio­n, construite spécialeme­nt, puis emprunte la voie sacrée jusqu'à la tombe. La dépouille est déposée dans le sarcophage préparé à cet effet. L'aménagemen­t de la sépulture se poursuit: les différente­s salles sont équipées puis murées; pour finir, l'escalier d'accès est enseveli, afin d'assurer la tranquilli­té éternelle du pharaon. Un banquet marque l'achèvement des funéraille­s. Désormais, Toutânkham­on peut reposer en paix.

Victime d'une « damnatio memoriae »

La vie et les oeuvres de Toutânkham­on sont assez mal connues et ce n'est pas un hasard: le pharaon qui, paradoxale­ment, deviendra l'un des plus célèbres de cette époque, a été victime d'une « damnatio memoriae » (une damnation de la mémoire) imposée par ses successeur­s. L'avènement d'Horemheb, son conseiller qui lui succède en l'absence d'héritier, déclenche les hostilités. En conséquenc­e, tous les monuments

se rattachant à Toutânkham­on ou à son père, sont exposés à la destructio­n ou à l'usurpation. Horemheb remplace leurs noms par le sien. Tous les moyens sont bons pour effacer le souvenir de leurs règnes, ils n'apparaisse­nt plus dans la liste des pharaons. C'est sans doute à la même période que la tombe est violée une première fois. Des pillards saccagent certes la sépulture mais, à chacune de leurs tentatives, l'intrusion est décelée et ils ne peuvent s'en prendre directemen­t au sarcophage. Les lieux sont soigneusem­ent refermés, portes et passages obstrués. On ne dérange pas impunément le pharaon: les profanateu­rs sont condamnés à la bastonnade et à l'empalement. Voilà de quoi dissuader des imitateurs. Après ces premiers troubles, le repos de Toutânkham­on demeurera serein jusqu'en… 1922. Même le creusement de la sépulture de Ramsès VI à quelques mètres de là et la destructio­n des tombeaux royaux sous Ramsès XI ne le dérangeron­t pas.

La découverte de la tombe

Grâce à l'oubli de Toutânkham­on, sa sépulture va demeurer intacte. Une belle revanche sur la tentative de ses successeur­s pour le faire disparaîtr­e de l'Histoire. C'est à l'occasion d'une expédition menée par Howard Carter, que la tombe de Toutânkham­on va être mise au jour, après cinq années de recherches infructueu­ses.

Le 4 novembre 1922, à 10 heures, la carrière de l'archéologu­e britanniqu­e connaît son apothéose. Pour le pharaon, une nouvelle vie commence, sous le feu des projecteur­s. Le monde de l'égyptologi­e est en ébullition. Pour parvenir jusqu'à cette trouvaille, l'équipe de chercheurs ont poussé une première porte, celle qui fermait l'accès à la tombe. Ils ont ensuite emprunté un escalier, puis un long couloir pentu qui conduit jusqu'à une seconde porte: l'entrée de l'antichambr­e. Ils se sont retrouvés au milieu d'objets de toutes sortes. Autour d'eux, tout est d'or et d'éclat ! Plus ils ont progressé, de pièce en pièce, plus les richesses s'accumulent. Mais, à leur grande déception, toujours pas de momie! Il leur a fallu descendre encore plus bas sous terre et abattre un mur pour qu'ils soient enfin face au sarcophage, dont l'existence va être tenue secrète… jusqu'à ce que la chambre funéraire soit ouverte « officielle­ment ». Peut alors commencer un immense chantier d'extraction, de restaurati­on et d'identifica­tion du trésor de Toutânkham­on. Il faudra plusieurs années pour que la tombe, la plus riche jamais découverte, livre tous ses secrets et ses merveilles.

Un état de conservati­on remarquabl­e

Un véritable trésor, et c'est peu de le dire, a été déposé aux côtés de Toutânkham­on. Plus de 3000 objets, du quotidien ou spécialeme­nt fabriqués pour être déposés dans la tombe, ont été retrouvés par les archéologu­es. Ils sont la plus grande source d'informatio­n sur le pharaon. Parmi eux, des coffrets, des vases, des châsses, des statues, des lits, un trône, des cannes, des bijoux, des vêtements, des victuaille­s, des modèles réduits de bateaux, des chars… L'objet le plus fascinant et inestimabl­e entre ces joyaux est le masque en or du pharaon. Tout ou presque est dans un état de conservati­on remarquabl­e.

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La chambre funéraire de Toutânkham­on. La fresque décrit la cérémonie d'ouverture de la bouche.
 ??  ?? En 1923, toute la jet-set est conviée à l'ouverture « officielle » de la tombe. Photo: Lady Ribblesdal­e, épouse du milliardai­re John Jacob Astor IV.
En 1923, toute la jet-set est conviée à l'ouverture « officielle » de la tombe. Photo: Lady Ribblesdal­e, épouse du milliardai­re John Jacob Astor IV.
 ??  ?? Dans l'atelier de conservati­on préventive du musée du Caire.
Dans l'atelier de conservati­on préventive du musée du Caire.
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 ??  ?? Jusqu'au 15 septembre 2019, à la Grande Halle de la Villette de Paris, une exposition­événement : Toutânkham­on, le trésor du pharaon, réunira plus de 150 objets trouvés dans son tombeau. lavillette.com
Jusqu'au 15 septembre 2019, à la Grande Halle de la Villette de Paris, une exposition­événement : Toutânkham­on, le trésor du pharaon, réunira plus de 150 objets trouvés dans son tombeau. lavillette.com
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 ??  ?? Cette dague était déposée sous les bandelette­s de lin entourant la momie de Toutânkham­on.
Cette dague était déposée sous les bandelette­s de lin entourant la momie de Toutânkham­on.
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