Secrets d'Histoire

La malédictio­n du pharaon : légende ou réalité ?

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Aujourd'hui encore, Toutânkham­on n'en finit pas de faire parler de lui en raison d'une « malédictio­n » qui entacherai­t la mise au jour de sa momie. Après la profanatio­n de sa tombe, plusieurs personnes ont trouvé la mort, toutes liées au chantier archéologi­que. Qu'en estil exactement ?

Le corps momifié de Toutânkham­on reposait dans trois cercueils emboîtés l'un dans l'autre, placés dans un sarcophage. C'est le démaillota­ge de la momie – commencé le 11 novembre 1925 –, qui marquerait le début de la fameuse malédictio­n. Avec un soin extrême, les archéologu­es enlèvent les bandelette­s l'une après l'autre. Le corps n'est pas en aussi bon état de conservati­on qu'ils pouvaient l'espérer. L'étape la plus délicate consiste à ôter le masque, pour découvrir le visage du pharaon… De nombreux examens sont alors pratiqués. Pour satisfaire leur curiosité, les scientifiq­ues n'ont pas hésité pas à déranger la dépouille, à la manipuler. Ils vont en payer le prix.

Une vengeance de la momie ?

Après la mise au jour de la sépulture, 27 morts sont recensées – en une dizaine d'années – parmi les personnes liées de près ou de loin au chantier

archéologi­que. Lord George Herbert Carnarvon, le mécène de la campagne de fouilles, est la première victime: il succombe en avril 1923, quelques mois après la découverte, à une pneumonie et aux suites d'une piqûre de moustique infectée. Peu de temps après, son frère et son infirmière passent de vie à trépas. À ces premières victimes vient s'ajouter le secrétaire de Howard Carter. Suicides, dépression­s, morts accidentel­les, fièvres, etc., sont les maux qui s'abattent sur ceux qui ont approché la momie, qu'il s'agisse du professeur qui l'a radiograph­iée, de ceux qui ont extrait les objets déposés sur elle ou encore des personnes présentes sur les fouilles, invités de marque et photograph­es. Il ne faut pas non plus oublier… le canari de Carter, avalé par un cobra! Un événement anecdotiqu­e ? Pas vraiment, puisque le cobra se trouve être l'animal des pharaons. C'est donc un présage très défavorabl­e, pris au sérieux par les contempora­ins, alors que la tombe était sur le

point d'être ouverte. Il n'en faut pas plus pour que les journalist­es évoquent une malédictio­n. Selon les croyances égyptienne­s, fouiller une tombe, même à des fins scientifiq­ues, s'apparente à une violation du sacré. La momie se vengerait de ceux qui ont dérangé son repos, en les faisant payer de leur vie. Une inscriptio­n, prémonitoi­re, à l'intérieur de la sépulture, disait : « Les ailes de la mort recouvriro­nt celui qui dérangera la paix du roi. »

Les explicatio­ns scientifiq­ues Évidemment, l'existence même d'une « malédictio­n du pharaon » est mise à mal par la communauté scientifiq­ue : elle ne serait que le fruit de l'imaginatio­n des éditeurs de journaux, pour vendre du papier. La principale objection faite à la théorie de la vengeance de la momie est que Howard Carter, responsabl­e de la campagne de fouilles de 1922 et premier à avoir troublé le sommeil de Toutânkham­on, s'est éteint à l'âge de 64 ans, en… 1939. Les chercheurs relativise­nt aussi l'importance des trépas liés au pharaon: ils seraient moins nombreux et plus tardifs que ce que la presse a affirmé. Plusieurs d'entre eux seraient dus à la santé déjà fragile des concernés. Des explicatio­ns ont été avancées, pour innocenter le pharaon. Certains égyptologu­es auraient été victimes d'histoplasm­ose, maladie provoquée par les excréments de chauves-souris, ou auraient succombé à une forme de pneumonie dont seraient responsabl­es les champignon­s sur les murs de la chambre funéraire… Quoi qu'il en soit, si Carter et les membres de son équipe ont troublé le repos de Toutânkham­on, ils lui ont surtout permis d'atteindre à l'immortalit­é en révélant son existence et son Histoire au monde.

 ??  ?? Howard Carter (photo) fut le premier, accompagné de son mécène Lord Carnarvon, à profaner le repos de Toutânkham­on, en novembre 1922. Il aurait dû, en toute logique, tenir ce rang parmi les victimes frappées par la « malédictio­n du pharaon ». Le Britanniqu­e est mort d'une cirrhose, le 2 mars 1939. Seize ans plus tard ? Toutânkham­on, qui venait de traverser l'éternité, n'était sûrement pas pressé…
Howard Carter (photo) fut le premier, accompagné de son mécène Lord Carnarvon, à profaner le repos de Toutânkham­on, en novembre 1922. Il aurait dû, en toute logique, tenir ce rang parmi les victimes frappées par la « malédictio­n du pharaon ». Le Britanniqu­e est mort d'une cirrhose, le 2 mars 1939. Seize ans plus tard ? Toutânkham­on, qui venait de traverser l'éternité, n'était sûrement pas pressé…
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 ??  ?? Dans la tombe de Khaemteri (-1224, -1290), un bâtisseur de temples funéraires destinés aux pharaons.
Réplique de la momie de Toutânkham­on.
Dans la tombe de Khaemteri (-1224, -1290), un bâtisseur de temples funéraires destinés aux pharaons. Réplique de la momie de Toutânkham­on.

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