« Sans gaine, peut-être, mais sans scandale ! »
Le 23 décembre 1953, René Coty, 71 ans, est élu président de la République française. Cet homme politique est un modéré, dans la lignée idéologique de Léon Gambetta et de Jules Ferry. Son élection est une vraie surprise et ses adversaires ne tardent pas à l’attaquer. Sur tous les fronts, y compris celui de sa vie privée. La Première Dame, Germaine Coty, née Corblet, est moquée, vilipendée, calomniée avec une violence inouïe : « Madame sans gaine », « Madame des tas »…
Son crime? Ne pas être dans les canons de beauté fantasmés, faire « mémère », accueillir les journalistes dans son tablier enfariné et revendiquer aimer s’occuper de ses petits-enfants. René Coty fulmine. À la presse, il déclare que son épouse est « sans gaine, peut-être, mais
sans scandale ! » L’offensive présidentielle va payer. Dans son sillage, les journaux louent les valeurs, telles que la famille, la simplicité, la fidélité. La tendance s’inverse: Germaine Coty devient une figure aimée. À sa mort, en 1955, elle est si populaire que des dizaines de milliers de Français se rendent à ses obsèques pour un ultime hommage.