L’Entrée d’Alexandre dans Babylone
Le tableau de Charles Le Brun fait partie d’un cycle glorifiant le héros de Macédoine. Lequel, après avoir conquis les cités grecques, a entrepris l’Asie. Une oeillade appuyée de l’artiste au Roi-Soleil, dont il est le peintre officiel. Les quatre toiles qui composent le cycle sont visibles au Louvre. Par Dominique Roger
Een 1660, Charles Le Brun (1619-1690) peint Les Reines de Perse aux pieds
d’Alexandre. La composition enthousiasme Louis XIV et la Cour. Encouragé, l’artiste nourrit un projet ambitieux : un cycle monumental, destiné à célébrer le règne d’Alexandre le Grand. Le choix du sujet n’a rien d’anodin : le Roi-Soleil, comme nombre de ses prédécesseurs à travers les siècles, a adopté le héros de Macédoine comme modèle. L’ensemble de l’oeuvre, quatre tableaux (très) grand format réalisés à partir de 1663, est présenté au Salon de 1673, réunissant les créations des artistes agréés par l’Académie royale de peinture et de sculpture fondée par Mazarin. S’inspirant d’écrits antiques, Le Brun retranscrit avec emphase et beaucoup d’ambition l’entrée d’Alexandre dans la capitale perse, à la fin de l’année -331, après sa victoire sur Darius III. Les compositions de Le Brun, artiste « officiel » – il est Premier Peintre – participent à la propagande royale. Placé au centre de la toile, Alexandre, triomphant, domine le cortège autant que la ville dont il prend possession. Couvert d’une étoffe dorée, il tient un sceptre symbolisant son pouvoir temporel et spirituel : il est en effet considéré à la fois comme un roi, un prêtre et un prophète. Tandis que, placée au sommet du sceptre, la représentation de la victoire rappelle à tous que le héros a la faveur des dieux, qui lui ont octroyé de l’emporter sur l’ennemi perse. Outre son casque à la Minerve, le souverain porte également une couronne de laurier. Sûr de lui, Alexandre soutient le regard du spectateur, pour l’inviter à l’admirer dans son triomphe.