Secrets d'Histoire

Landru, l’assassin au fourneau

- Par Dominique Roger

De primée à un concours parisien. l’autre, ces femmes qui s’évaporent. irae. Le 11 avril 1919, c’est le dies Une Dès lors, tout va s’enchaîner. alors, vieille fille, comme on disait arbe-Bleue devant l’Éternel, Landru recrute ses fiancées par petites annonces. Il noue ainsi 283 contacts matrimonia­ux, dont 10 finiront dans sa cuisinière. Monsieur Guillet? C’est lui. Monsieur Frémiet? Lui. Monsieur Dupont ? Lui. Monsieur Cuchet ? Lui. Monsieur Dujardin? Lui.

Et aussi monsieur Landru. Prénoms: Henri, Désiré. Le criminel en série le plus célèbre de l’Histoire de France aurait aussi bien pu rester anonyme, tant la valse de ses identités a donné le tournis aux rares inspecteur­s qui ont perçu quelque chose d’étrange dans cette sinistre villa

Tric, à Gambais, dans les Yvelines (à l’époque, en Seine-et-Oise).

Une série de femmes qui disparaiss­ent sur une période plutôt longue (1914-1919) et dont on ne trouve plus trace, cela suffit-il à incriminer un honnête citoyen, marié et père de famille? D’autant que les dix disparues ont parfois des biographie­s

« instables », telles MarieThérè­se Marchadier, une ancienne prostituée de

38 ans, ou la veuve Héon, âgée de 55 ans et aux maigres ressources. flic des Il faudra l’intuition d’un jeune pour brigades du Tigre, Jules Belin, du réussir à rassembler les pièces puzzle. D’un côté, Landru, habitué depuis son jeune âge aux arnaques, d’abord vénielles – abus de confiance et escroqueri­es – puis plus graves; l’invention bien qu’il ait aussi à son actif d’une bicyclette à pétrole, arrêté, pourtant revêche. Finalement flagrantes. l’homme nie. Pas de preuves Peut-être même, faudra-t-il le relâcher… Jusqu’à la découverte des pièces à conviction : des carnets

– noirs, dans lesquels il nomme parfois par des périphrase­s – les femmes qu’il a emmenées dans un voyage sans retour.

À ces femmes dont il convoite les biens, Landru fait miroiter de justes noces (par petites annonces) puis les invite dans sa banlieue chic. La procédure est bien huilée : pour lui-même, il achète un aller-retour Paris-Houdan sur le train régional ; pour ses moitiés provisoire­s, le radin se contente d’un aller simple. Quel besoin auraient-elles de revenir? Qui les attend? Et la cuisinière fume… Arrêté, Landru niera en bloc. Et jusqu’au bout. Pourtant, l’enquête policière, minutieuse, est accablante: le linge de corps, les mobiliers, les faux cheveux, les fers à friser, les lettres – certaines intimes –, jusqu’aux dentiers des femmes disparues, ont été trouvés en possession de Landru. En ratissant à Gambais, les experts ont recueilli 47 dents et fragments dentaires, ainsi que 4 kg et 176 grammes de débris calcinés, dont 996 grammes s’avèrent Malgré provenir de crânes humains. du la défense acharnée d’un ténor le barreau, maître Moro-Giafferi, 25 février 1922, à 6h10, à Versailles, c’est celui de Landru qui se détache bourreau de son corps, par l’office du été Deibler, qui racontera avoir Landru impression­né par son calme. meurt, sa légende naît. a assure au commissair­e qu’elle de la reconnu, dans une boutique

– rue de Rivoli à Paris, le monsieur regard un barbu à chapeau et au sa d’acier froid – qui a embobiné soeur par de fallacieus­es promesses trouver de mariage. Belin réussit à au le logement du suspect, situé monte 76 de la rue Rochechoua­rt, sur le la garde une semaine, dort palier, s’acoquine avec la concierge

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Selva/Leemage en série, Landru a eu plusieurs Avant de sévir dans l’assassinat plombier… Faux industriel vies: comptable, cartograph­e, séjourné deux fois en prison. mais vrai escroc, il avait également

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