Secrets d'Histoire

Marie Leszczynsk­a, une reine discrète

- Par Virginie Girod

L’union de la fille du roi de Pologne déchu et de Louis XV est considérée comme une mésallianc­e. Vertueuse et loyale, la souveraine peine à comprendre les cruels jeux de pouvoir des courtisans. Mise à la marge par le cardinal de Fleury, elle devient néanmoins la « bonne reine » du peuple pour sa générosité.

Fille de l’éphémère roi de Pologne Stanislas Leszczynki, Marie est une princesse en exil. À ce titre, elle est un mauvais parti. Pourtant, son père tient à lui offrir un beau mariage et son obstinatio­n est récompensé­e. Le Premier ministre de Louis XV souhaitera­it offrir la main de Marie à son roi à condition qu’elle soit féconde. Le jeune monarque a une santé fragile et la Cour veut un héritier au plus vite. Ainsi, la Polonaise âgée de 21 ans est soumise aux regards scrutateur­s des médecins français qui la déclarent bonne à marier : elle est bien conformée, ses dents sont saines, ses yeux brillants… mais surtout, Marie est bien réglée et son sang a une couleur « louable ».

Le 15 août 1725, la princesse s’unit au roi représenté par le duc d’Orléans en la cathédrale de Strasbourg. Sur le chemin de la capitale, la nouvelle souveraine distribue de généreuses aumônes. Bienveilla­nte, elle se fait aimer du peuple et gagne le surnom de « notre bonne reine. » Elle rencontre son époux le 4 septembre à Fontainebl­eau où une nouvelle cérémonie est célébrée.

Le rude apprentiss­age de la Cour

À 15 ans, Louis, déjà initié à l’amour, est un adolescent sensuel. Marie apprécie sa compagnie et se livre à son devoir conjugal avec plaisir. Le couple semble tendrement amoureux. Deux ans plus tard, la reine donne à la France des jumelles. On loue sa fertilité mais on attend la venue d’un dauphin avec impatience. Marie a compris que son rôle politique se limite à l’usage de son utérus. La Cour, véritable nid de frelons, a réduit ses velléités à néant en quelques mois. Elle ne savait pas qu’elle avait été choisie précisémen­t parce qu’elle n’était personne. Le duc de Bourbon avait fait une liste de 100 princesses à marier pour trouver la souveraine idéale. Sa maîtresse, la marquise de Prie, impose l’exilée pour une raison très simple. Dame

de coeur du Premier ministre, elle est la femme la plus influente de la Cour et refuse qu’une prétendant­e provenant d’une puissante famille royale ne lui ravisse sa place. La jolie marquise ne se trompe pas. L’artisan de sa chute n’est pas Marie mais un courtisan. En 1726, le cardinal de Fleury souhaite le poste de Premier ministre. L’ancien précepteur du roi tient à rester son conseiller car il a formé son esprit. Ne connaissan­t pas les rouages de la Cour, la souveraine défend le duc de Bourbon qu’elle voit comme son bienfaiteu­r. Erreur fatale. Le roi ne peut rien refuser au cardinal. Celui-ci reste en poste jusqu’à sa mort à 90 ans, en 1753. Sa longévité lui vaut le surnom de « Son éternité ». Pendant

 ??  ?? Louis XV en armure et manteau de sacre, de Carle van Loo, 1750. Surnommé le bien-aimé au début de son règne, il devint impopulair­e par la suite, notamment parce que le peuple se méfiait de l’influence de ses favorites.
Louis XV en armure et manteau de sacre, de Carle van Loo, 1750. Surnommé le bien-aimé au début de son règne, il devint impopulair­e par la suite, notamment parce que le peuple se méfiait de l’influence de ses favorites.
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 ??  ?? Ci-dessus, au château de Versailles, l’escalier de la reine entièremen­t orné de marbre date de 1680. Basilique SaintDenis
Ci-dessus, au château de Versailles, l’escalier de la reine entièremen­t orné de marbre date de 1680. Basilique SaintDenis
 ??  ?? Ci-contre, Marie Leszczynsk­a avec le dauphin Louis (17291765), d’Alexis Simon Belle, vers 1730. Décédé avant son père, Louis XV, le dauphin ne régnera pas. Cependant, il est le père des trois derniers souverains de France : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Ci-contre, Marie Leszczynsk­a avec le dauphin Louis (17291765), d’Alexis Simon Belle, vers 1730. Décédé avant son père, Louis XV, le dauphin ne régnera pas. Cependant, il est le père des trois derniers souverains de France : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.

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