Secrets d'Histoire

Marie de Médicis, une reine pour la France

- Par Coline Bouvart

Pressés de donner des héritiers légitimes au royaume, Henri IV et ses conseiller­s portent leur choix sur Marie de Médicis, liée par mariage ou filiation à des familles régnantes européenne­s, et héritière fortunée. Mais la vie amoureuse mouvementé­e du roi bouscule tous les plans. Le mariage, finalement célébré en 1600, en pâtit durablemen­t, même si pour l’essentiel, il produit ses fruits: six enfants, dont le futur Louis XIII.

En 1599, Henri IV a 46 ans et sa première femme, Marguerite de Valois, a enfin consenti à faire annuler leur mariage. En coulisses, la dernière des Valois a chèrement monnayé son accord. Contre espèces sonnantes et trébuchant­es bien sûr, mais également lorsqu’elle a eu la certitude que le roi n’allait pas contracter de mésallianc­e: la disparitio­n, dans des conditions fort suspectes, de sa maîtresse Gabrielle d’Estrées, le 10 avril 1599, a soulagé tout le monde. Le roi ne lui avaitil pas promis de l’épouser? Ne lui avait-il même pas offert l’anneau du sacre, que la croyance populaire dit relié directemen­t au coeur, en gage de son Les Épousaille­s de la reine ou La Réception de l’anneau, dit encore Le Mariage par procuratio­n de Marie de Médicis et d’Henri IV, à Florence le 5 octobre 1600, de Pierre Paul. Rubens. Sont présents le cardinal Pietro Aldobrandi­ni et Ferdinand Ier, I’oncle de la mariée, qui remet l’anneau. amour et de noces prochaines? Dans ces conditions et malgré les promesses officielle­s d’Henri IV de ne pas épouser Gabrielle, ni le pape Clément VIII ni Marguerite n’acceptent de le libérer de ses liens.

« La grosse banquière »

Gabrielle éliminée, les pourparler­s reprennent, et les négociatio­ns pour sceller les fiançaille­s du roi de France avec l’héritière des Médicis avancent plus rapidement. C’est faire d’une pierre deux coups: Marie est une princesse de noble lignage, en âge encore de procréer, mais ce mariage est également un bon moyen d’éponger une bonne partie de la dette que le royaume a contractée auprès

des ducs de Florence. La nouvelle maîtresse du roi, Henriette d’Entragues, surnommera d’ailleurs méchamment Marie « la grosse banquière ».

Henri et Henriette

Peu après que Gabrielle d’Estrées est passée de vie à trépas, Henri IV est tombé passionném­ent d’Henriette d’Entragues. Et la famille de la jeune fille exige, en échange des faveurs de la belle, une promesse de mariage, par écrit, au cas où Henriette lui donnerait un fils. Fou d’amour et de désir, le roi signe… et le clan d’Entragues ne cesse de lui rappeler ces engagement­s. Contraint de jouer sur les deux tableaux, Henri IV répond vertement à Henriette, enceinte, qui lui demande « quand arrive sa banquière »: « Aussitôt que j’aurai chassé de ma Cour toutes les putains. » Les amants ne cessent pas pour autant de se voir. Heureuseme­nt pour le roi, Henriette donne naissance à un enfant mort-né.

Un mariage fécond

Au moment de son mariage, Marie de Médicis a 27 ans. Grande, blonde, elle affiche un embonpoint plein de sensualité et possède une majesté naturelle. Les époux se rencontren­t à Lyon quelques jours avant leur mariage, prévu le 17 décembre 1600, et Henri IV qui la trouve fort à son goût, prétexte le retard de son mobilier pour lui demander l’hospitalit­é… et consommer leur union! Ne sontils pas déjà mariés par procuratio­n, après tout? La lune de miel sera de courte durée. Marie est fière, orgueilleu­se, possessive, et Henri IV toujours aussi volage. Il oblige la reine à cohabiter avec Henriette, et leurs enfants à être élevés ensemble. Les reproches de la reine lassent le roi qui retourne auprès de ses maîtresses et d’Henriette d’Entragues. Elle donne naissance à six enfants, trois fils et trois filles, dont le dauphin tant attendu, en 1601.

Une reine couronnée

Le couple royal, malgré leurs nombreuses disputes, reste uni. Henri IV essaie de racheter ses infidélité­s par de fastueux présents et témoigne une certaine confiance à Marie en la faisant siéger à son Conseil, où elle ne se montre guère assidue. Il la nomme même régente lorsqu’il part en guerre et pour asseoir sa légitimité, organise son sacre le 13 mai 1610 à SaintDenis. Avide d’honneurs, Marie exulte. Le lendemain, rue de la Ferronneri­e à Paris, Ravaillac prend appui sur une roue du carrosse du roi pour se hisser à sa hauteur et le poignarde trois fois. Henri IV, depuis plusieurs semaines, avait de sombres pressentim­ents, convaincu qu’il allait « bientôt mourir »…

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 ??  ?? Portrait de Marie de Médicis (1575-1642), de Scipione Pulzone, (1594). Le Débarqueme­nt de la reine à Marseille, le 3 novembre 1600, de Pierre Paul Rubens.
Portrait de Marie de Médicis (1575-1642), de Scipione Pulzone, (1594). Le Débarqueme­nt de la reine à Marseille, le 3 novembre 1600, de Pierre Paul Rubens.

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