Secrets d'Histoire

Entre légende et réalité

Henri IV est le plus populaire des rois de France et de nombreuses anecdotes et autres images d’Épinal s’attachent à son souvenir. Démêlons le vrai du faux !

- Par Coline Bouvart

CE BON ROI HENRI

VRAI. Henri IV a gardé une réputation de bonhomie et de simplicité. C’est largement vrai. Naturel, bienveilla­nt, il est attentif à ceux qu’il rencontre, jovial et gai, paillard et très ouvert d’esprit. Il est, selon Jean-Paul Desprat, « celui de nos rois qui a su le mieux trouver le chemin du coeur des gens simples. » Mais il est aussi secret, parfois méfiant, jaloux des exploits des autres, et s’il est capable de pardonner, il se montre aussi ingrat.

PARIS VALAIT-IL BIEN UNE MESSE ?

FAUX. Henri IV n’aurait jamais prononcé la fameuse phrase « Paris vaut bien une messe », avant de se convertir pour obtenir le trône de France. L’expression apparaît seulement en 1622, douze ans après l’assassinat du roi, dans un recueil satyrique, et ce propos est prêté à Sully, et non à Henri IV.

UN BAPTÊME AU JURANÇON

VRAI. Le 13 décembre 1553, Henri d’Albret aurait en effet frotté les lèvres de son petit-fils, futur Henri IV, avec une gousse d’ail puis quelques gouttes de vin de Jurançon, traitement qui lui aurait, selon la légende, conféré sa bonne santé légendaire – et qui tranchait avec la constituti­on beaucoup plus fragile de ses prédécesse­urs sur le trône de France.

LA POULE AU POT

VRAI mais... Henri IV, dans une discussion animée avec le duc de Savoie, aurait bien rétorqué, pour vanter la prospérité de son royaume : « Parce qu’ayant le coeur de mon peuple, j’en aurai ce que je voudrai et, si Dieu me prête encore vie, je ferai qu’il n’y aura point de laboureur de mon royaume qui chaque semaine n’ait moyen d’avoir une poule dans son pot. » Cependant ce plat traditionn­el notamment du Gers et du Béarn ne s’est pas démocratis­é pour autant: elle restait un plat de fête. Cette phrase témoigne surtout du souhait du souverain que son peuple vive bien.

HENRI IV SENTAIT MAUVAIS

VRAI. Il ne prenait guère soin de lui et revendiqua­it, selon l’historien Jean-Marie Constant, « de sentir mauvais par réaction contre Henri III, qui se parfumait, était délicat et passait pour avoir une nature trop intellectu­elle et féminine. Henri IV, au contraire, aimait entretenir sa légende d’un militaire prestigieu­x, courageux et viril. » Comme le précise aussi Jean-Paul Desprat, il « sentait le gousset ». Henriette d’Entragues aurait aussi dit : « Heureuseme­nt qu’il est roi car il pue comme une charogne. »

LE CHEVAL BLANC D’HENRI IV…

FAUX. On connaît tous la plaisanter­ie « Quelle est la couleur du cheval blanc d’Henri IV ? », à laquelle on répondrait logiquemen­t « blanche ». En réalité, les chevaux blancs sont rares voire inexistant­s, mais leur symbolique de pureté très prisée des souverains. Celui d’Henri IV était vraisembla­blement crème ou gris, clair en tout cas. Il était ainsi facilement repérable, comme son cavalier, sur les champs de bataille où les troupes pouvaient voir ainsi que le roi menait l’assaut. D’autres commentate­urs avancent que le cheval principal du roi s’appelait Albe (blanc en latin), et qu’il faudrait donc plutôt écrire : « Quelle est la couleur du cheval Blanc (Albe) d’Henri IV ? »

… ET LE PANACHE BLANC D’HENRI IV

VRAI. Lors de la bataille d’Ivry (14 mars 1590), Henri IV a bien prononcé cette harangue : « Mes compagnons, Dieu est pour nous, voici ses ennemis et les nôtres. Voici notre roi. À eux ! Si vos acornettes vous manquent, ralliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez sur le chemin de l’honneur et de la victoire ! »

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