Chers amis lecteurs,
À l’occasion de la publication du livre d’entretiens de la journaliste Léa Salamé, Femmes puissantes (Les Arènes), interrogeant la place des femmes dans notre société, certaines d’entre elles débattent pour savoir si elles préfèrent la puissance à l’influence, ou inversement. Prenons du recul et regardons quel rôle les femmes ont joué dans l’Histoire de France. Certes, ce sont les hommes qui principalement ont écrit l’Histoire, si soucieux de leur gloire et de leur pouvoir. Dans le tome 9 de mes ouvrages Secrets d’Histoire, je m’interrogeais justement: comment se fait-il que tant d’hommes illustres soient célébrés, honorés, magnifiés, mais si peu de femmes ? Mère, soeur, épouse, amante, muse artistique, mécène, consoeur politique, elles les ont accompagnés. Par leur protection, leur esprit, leur amour inconditionnel. Par ce qu’elles furent ou ce qu’elles leur inspirèrent. Sans ces femmes, aucun d’eux n’aurait pu trouver l’accomplissement. Assurément, les femmes sont moins attachées à inscrire leur nom au fronton des monuments, qu’à agir concrètement pour faire avancer la société et changer le cours des choses. La postérité a presque systématiquement retenu les figures masculines remarquables et occulté, ou bien jeté aux oubliettes, les femmes qui ont favorisé ces destins. De fait, le rôle de femmes d’exception dans notre héritage commun a souvent été éludé. Si Jeanne d’Arc est sans conteste une héroïne nationale, une icône et un mythe, d’autres, anonymes pour certaines, rendues presque invisibles pour d’autres, ont depuis la nuit des temps fait l’Histoire. Ce numéro de Secrets d’Histoire magazine rend hommage à toutes ces femmes, héroïques et courageuses, qui n’ont pas attendu qu’on leur donne la parole, un titre, une position officielle ou le droit de vote pour exercer le pouvoir. Épouses de souverains, mères de futurs rois, et à ce titre régentes, mais aussi maîtresses ou favorites, elles ont régné sur la France. La liste est longue de celles qui ont exercé le pouvoir malgré la loi salique: Blanche de Castille, Catherine de Médicis, Marie de Médicis, Anne d’Autriche, les impératrices Marie-Louise et Eugénie, les régentes Anne de Beaujeu et Louise de Savoie, les favorites Diane de Poitiers, Madame de Maintenon, la marquise de Pompadour… N’est-il pas temps d’avoir une lecture résolument féministe de l’Histoire? En régnant sur le coeur des hommes, combien de femmes ont gouverné la France? Connaissez-vous l’art de la poliorcétique ? Faire le siège et prendre une citadelle réputée inexpugnable, ou bien défendre une place forte, tel était le talent de Sébastien Le Prestre, plus connu sous son nom de Vauban, le génie militaire de Louis XIV. Tout à la fois urbaniste, ingénieur, architecte, ce maréchal de France parlait vrai au Roi-Soleil et, en le sommant d’instituer un impôt sur le revenu pour tous, il préfigurait l’esprit des Lumières. Des citadelles qui constituent une ceinture de la France – inscrites depuis 2008 par l’Unesco au Patrimoine mondial – au musée de l’Armée dans l’hôtel des Invalides à Paris, sans oublier son château de Bazoches dans le Morvan qui aurait mérité le label de l’Unesco, la personnalité de Vauban ne cesse de surprendre. Ce numéro de Secrets d’Histoire magazine fait aussi la part belle à une passion dévorante, celle d’Antoine et Cléopâtre; à un lieu préhistorique mythique, la grotte Chauvet; au style Régence; au château de Rastignac à La Bachellerie qui inspira la Maison Blanche de Washington; sans oublier une région française qui m’est chère, le Perche. Surtout, laissez-vous séduire par le portrait écrit par l’historien Jean-Christian Petitfils, qui nous raconte un personnage connu et reconnu dans le monde entier, ne serait-ce par son destin tragique : Marie-Antoinette. Olympe de Gouges lui avait dédié sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, dans laquelle on peut lire: « La femme a le droit de monter sur l’échafaud; elle doit avoir également celui de monter à la tribune (pour s’exprimer) ». Bonne lecture!