Secrets d'Histoire

- Le monastère de Brou, souvenir d'une princesse de la Renaissanc­e - Le style Louis XIII: une sobriété de rigueur - Rien ne sert de courir?

- Par Marine Guiffray

Ce joyau d’architectu­re situé à Bourg-en-Bresse nous a été légué par une princesse du xvie siècle au destin aussi malheureux qu’exceptionn­el. Fille de l’empereur Maximilien de Habsbourg, Marguerite d’Autriche fait élever le monastère royal de Brou en mémoire de son défunt époux Philibert II de Savoie, dit le Beau. Cette nécropole grandiose est à la fois le témoin de son amour et de son pouvoir.

Après avoir été promise au dauphin de France puis répudiée – il lui préféra finalement Anne de Bretagne –, puis brièvement unie à l’infant d’Espagne Juan de Castille, mort prématurém­ent, Marguerite d’Autriche semblait enfin connaître le bonheur avec son troisième mari lorsque le sort s’acharna de nouveau sur elle. Les époux n’ont que 24 ans lorsque Philibert le Beau décède, en 1504. Après

trois ans de mariage seulement, Marguerite se retrouve veuve pour la seconde fois de sa vie. Accablée par le chagrin, elle exauce le voeu de sa belle-mère Marguerite de Bourbon d’ériger un monastère sur l’emplacemen­t du vieux prieuré bénédictin de Brou, alors dans le duché de Savoie.

Un mausolée princier

Délaissant l’abbaye d’Hautecombe où étaient traditionn­ellement inhumés les ducs savoyards, Marguerite d’Autriche fait bâtir une nécropole somptueuse pour abriter la sépulture de Philibert, celle de Marguerite de Bourbon ainsi que la sienne. La première pierre du monument est posée en 1506. Jusqu’à sa mort, Marguerite supervise attentivem­ent l’avancée des travaux depuis les Pays-Bas, dont elle est devenue régente en 1507. Elle conçoit l’édifice, composé d’une église funéraire, de trois cloîtres et de bâtiments monastique­s, et y aménage même ses appartemen­ts. Elle fait appel à des artistes et artisans prestigieu­x venus de toute l’Europe, parmi lesquels le sculpteur allemand Conrad Meit, le peintre français Jean Perréal et l’architecte bruxellois Loys van Boghem. Son infortune voudra cependant qu’elle ne voie jamais son chef-d’oeuvre achevé... Il le sera deux ans après son décès, en 1532.

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