Secrets d'Histoire

Une vie hors du commun

- Par Virginie Girod

Dès l’enfance, Napoléon se distingue par son intelligen­ce et sa volonté d’exercer son emprise sur les autres. Son existence est une ascension permanente vers les sommets du pouvoir. Il semble capable de tout, même de surmonter les revers de fortune comme le montre l’épisode des Cent-Jours. La chute qui le conduira à Sainte-Hélène n’en sera que plus vertigineu­se. 1780

LE STRATÈGE AUX BOULES DE NEIGE

En 1779, Napoléon rejoint le collège militaire de Brienne réservé à la petite noblesse. Élève brillant, discret et chahuté par ses camarades à cause de son accent corse, cet enfant bagarreur passe son temps libre à lire. Alors que ses maîtres l’ont nommé capitaine d’un des bataillons d’étudiants, il est dégradé par ses camarades qui le trouvent trop « dédaigneux » pour occuper une telle fonction. Vexé, Napoléon se promet de les mettre aux pas, ce qu’il fait à l’hiver 1780. La neige abondante a envahi la cour de récréation. Le petit Corse âgé de 10 ans convainc ses camarades de creuser une tranchée et de monter des parapets. Les écoliers divisés en deux groupes se livrent alors à une bataille de boules de neige sous l’égide de Napoléon dont le charisme commence à peine à se déployer.

1796

UN MARIAGE RÉPUBLICAI­N

Au début du Directoire, Bonaparte est introduit dans le monde par Barras.

Il y fait la rencontre de la veuve du général Beauharnai­s. Il a 27 ans, elle en a 33. Outre le fait qu’ils s’intéressen­t sincèremen­t l’un à l’autre – Napoléon est fou amoureux – ils voient aussi dans leur union une aubaine sur le plan social et économique. Le Corse pense profiter du prestige familial et du vaste réseau amical des Beauharnai­s. Joséphine est convaincue que son officier va devenir très riche. Moralité, ces deux ambitieux mariés civilement le 9 mars 1796 vont s’allier dans la conquête du pouvoir.

1798 LA BATAILLE DES PYRAMIDES

Le Directoire envoie l’ambitieux Bonaparte combattre les Anglais en Égypte. Fort de la prise d’Alexandrie le 2 juillet 1798, il remporte la bataille des Pyramides le 21 juillet contre les Mamelouks. Napoléon se serait efforcé d’offrir une citation à la postérité : « Soldats, du haut des pyramides, quarante siècles vous contemplen­t! » Dix jours plus tard, la flotte française est défaite par les Anglais à la bataille d’Aboukir. Bloqué au Caire, le général réorganise l’administra­tion égyptienne et fonde l’Institut d’Égypte dont les membres découvriro­nt l’année suivante la Pierre de Rosette.

1799

LA MALMAISON, UN ÉCRIN DE VERDURE POUR LE POUVOIR

Au crépuscule du xviiie siècle, Joséphine achète la Malmaison, un château de campagne situé aux portes de Paris, entouré d’un immense parc. Elle en fait un lieu bucolique et élégant. Napoléon s’y rend fréquemmen­t, accompagné de ses aides de camp et d’officiers. La demeure se meut alors en siège du gouverneme­nt à la place des Tuileries. Des estafettes emmènent le courrier depuis Paris alors que les ministres y travaillen­t. Dès le Consulat, Napoléon n’a plus de vie privée. Ses fonctions l’obligent à être en constante représenta­tion.

1802 LE PARCOURS D’UN CONSUL

En 1799, un coup d’État parlementa­ire est envisagé contre le Directoire. Bonaparte finit par impulser un coup d’État militaire tout en s’attachant à ne pas trop heurter le droit. Il tient à sa légitimité. La nouvelle Constituti­on instaure le Consulat à la tête duquel se trouvent Napoléon, Sieyès et Ducos. Décidé à évincer ses collègues, le Corse s’impose comme Premier consul. Pendant presque trois ans, il réforme la France et rétablit l’ordre. Afin de poursuivre son oeuvre sans aucune entrave, il contraint le Sénat et le Corps législatif à le nommer Consul à vie. Fouché, sentant le monarque en lui, avait voulu limiter son consulat à dix ans, en vain. En 1802, Napoléon est l’homme le plus puissant du pays. Il a préparé le terrain pour l’Empire.

1804 LE SACRE DE L’EMPEREUR NAPOLÉON Ier

Le 2 décembre 1804, le Corse et Joséphine, un peu émus, se rendent en grande pompe à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour leur sacre. Napoléon Ier invente un nouveau régime en mélangeant les codes de la monarchie, de la dictature et de la République. Le pape Pie VII est venu de Rome pour célébrer la messe et oindre l’empereur. Dans un élan d’égocentris­me, Napoléon lui prend sa couronne des mains et la dépose lui-même sur son front avant de couronner sa bien-aimée Joséphine. Puis abandonnan­t le pape comme un accessoire de théâtre devenu inutile, l’empereur traverse la nef pour prêter serment aux Constituti­ons de l’Empire.

1809 DES VICTOIRES MYTHIQUES

Napoléon Ier passe pour un meneur d’hommes charismati­que et un stratège militaire hors pair. La bataille d’Austerlitz se déroule en Moravie (actuelle République tchèque) le 2 décembre 1805. Elle l’oppose à l’empereur François Ier d’Autriche et du Saint-Empire et à l’empereur russe Alexandre Ier. Elle est considérée comme un chef-d’oeuvre tactique. Napoléon réitère ses exploits à la bataille d’Iéna le 14 octobre 1806. Il inflige une défaite cuisante aux Prussiens commandés par le général Hohenlohe. Après six heures sur le champ de bataille, les ceux-ci se replient avant de prendre la fuite, poursuivis par la cavalerie de Murat. La bataille de Wagram se déroule du 5 au 6 juillet 1809 sur la rive nord du Danube près de Vienne. Napoléon vainc les soldats de l’empire d’Autriche. Malgré ses victoires répétées, l’empereur ne parvient pas à établir la paix avec ses voisins européens et perd à chaque fois plusieurs dizaines de milliers d’hommes payant ainsi le prix du sang pour ses conquêtes.

1815 L’ÉPOPÉE DES CENT-JOURS

Le Sénat déclare la déchéance de Napoléon en 1814. L’empereur est déporté sur l’île d’Elbe où il a encore de nombreux partisans. Après quelques semaines d’abattement, il entame sa reconquête du pouvoir à partir du 26 février 1815. Son incroyable cheminemen­t jusqu’à Fontainebl­eau qu’il atteint le 20 mars est surnommé le vol de l’Aigle. En début de soirée, il est accueilli à Paris par une foule en délire après la fuite de Louis XVIII. Cependant, la situation politique est explosive et l’Europe veut sa peau. La bataille de Waterloo est un échec cuisant. La magie des Cent-Jours prend fin. De retour à Paris, Napoléon abdique. Incapable de négocier, il accepte le sort que lui réservent les Anglais. Le 16 octobre 1815, depuis le pont du Northumber­land, l’Aigle déchu contemple la silhouette accidentée de Sainte-Hélène. Il finira sa vie sur cette île perdue dans l’Atlantique Sud. La dernière aventure de la vie de Napoléon est sur le point de commencer…

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