3 QUESTIONS À… DOCTEUR ALESSANDRO DE FRANCISCIS
Président du Bureau des constatations médicales
Pédiatre, diplômé de l’université de Naples, de nationalité italienne et américaine, le Docteur de Franciscis est, depuis sa nomination en 2009 par Monseigneur Perrier, président du Bureau des constatations médicales.
Propos recueillis par Rafaël Pic
Qu’est-ce que le Bureau des constatations médicales ? Il a été créé en 1883 à la demande de l’évêque de Tarbes et Lourdes, Monseigneur Billère, pour soumettre à une vérification médicale rigoureuse et collégiale les cas de guérisons inexpliquées. Son premier président a été le Docteur Dunot de Saint-Maclou. J’en suis le quinzième, dans une succession ininterrompue. Depuis cette date, environ 7000 guérisons inexpliquées ont été recensées à l’occasion d’un pèlerinage à Lourdes.
Quels sont les critères pour qu’une guérison soit considérée comme inexpliquée ?
Ils sont inspirés des sept critères établis par le cardinal Lambertini, au début du xviiie siècle, et qui demeurent pertinents :
- Que la maladie ait fait l’objet d’un diagnostic clair;
- Que son pronostic ait été défavorable;
- Qu’elle soit organique et non psychologique;
- Que la guérison soit instantanée;
- Qu’aucun traitement médicamenteux ne puisse l’expliquer ;
- Qu’elle soit durable;
- Qu’elle soit complète, et non une rémission. Comment procédez-vous dans la pratique ?
Nous recevons, de la part des malades, des déclarations volontaires. Une cinquantaine de déclarations par an parvient au Bureau pour témoigner d’une guérison. Nous en retenons certaines pour enquête et effectuons des démarches pour réunir le dossier médical. Quand nous estimons que nous avons assez de matériau, nous convoquons le Bureau, en moyenne deux fois par an. Il comprend tous les médecins ou soignants présents à Lourdes à ce moment-là, et que nous connaissons par leur inscription sur les registres. Nous présentons les cas cliniques et les décisions sont prises à l’unanimité. Il existe un deuxième organisme chargé de confirmer cette décision: le Comité médical international de Lourdes, créé en 1947 par Monseigneur Théas. Il comprend 30 médecins spécialistes de sept pays différents et se réunit une fois par an à Paris. Le vote est à bulletin secret. Ces dossiers sont ensuite transmis à l’évêque du diocèse de la personne guérie. C’est lui qui peut décider de la reconnaître comme miracle ou, selon la terminologie utilisée par l’évêque Delmas à Amiens en 2011, comme « guérison remarquable ».