Marie-Thérèse d'Autriche, l'envahissante impératrice
Derrière son emblème animal à la réputation internationale, le Territoire de Belfort bénéficie d’une situation stratégique qui a marqué son histoire, ses traditions mais aussi ses paysages. Privilégié par la nature, enrichi par ses habitants au tempérament frondeur et résistant, ennobli par ses forts, le département dévoile un patrimoine historique et culturel riche d’influences diverses. Rendez-vous en terre méconnue mais irrésistiblement passionnante et attachante.
Curieux département que celui du Territoire de Belfort qui, derrière sa petite taille, se révèle être une véritable « mini France ». Alors que la superficie moyenne d’un département français est de 5 800 km², le Territoire de Belfort ne couvre que 610 km², soit le plus petit département de France (hors région parisienne). Du nord au sud, 44 km au compteur. 22 km si on le traverse d’est en ouest. Petit, certes, mais doté d’un formidable patrimoine historique et naturel hérité d’une situation géographique à la croisée des frontières. Il suffit d’un coup d’oeil sur la carte de France pour y voir plus clair et comprendre l’emplacement privilégié de ce Territoire à l’histoire tumultueuse. Coincé entre deux massifs montagneux (Vosges et Jura), l’Alsace, la Suisse, la Bourgogne-Franche-Comté et à deux enjambées de l’Allemagne, il a de tout temps été une terre de passage. En atteste la présence humaine observée dès le néolithique (grottes de Cravanche et site du Bramont). Au fil des siècles, déplacements, conquêtes et conflits ont forgé ce caractère si déconcertant. Tour à tour sous emprise Autrichienne, Française - et même monégasque à la Révolution Française - Belfort est, au départ, rattachée au département du HautRhin. En 1870, la ville résiste fièrement à l’envahisseur prussien et gagne ainsi le droit de rester française contrairement au reste de l’Alsace et de la Moselle. En 1922, Belfort et son arrondissement deviennent officiellement le 90e département français.
19 forts pour le protéger
Seule plaine à relier les vallées du Rhin et du Danube avec celle du Rhône, la « Trouée de Belfort », couloir de 20 km de largeur, présentait une zone de passage vulnérable face à la force de frappe ennemie de plus en plus menaçante avec les années. Le périmètre défensif s’est donc développé et renforcé avec la construction d’une ceinture fortifiée. Ainsi, entre 1873 et 1911, 19 forts ont été érigés pour protéger cette « Trouée » sous
le commandement du Général Séré
de Rivières. Une « ceinture de fer » qu’un GR de Pays longe sur 85 km d’itinéraire mêlant histoire, forêts, campagne et villages typiques du Territoire. Aujourd’hui, sur les 19, seuls 4 forts se visitent librement pendant la saison estivale : les forts de Giromagny, Bessoncourt, Vézelois, et des Basses Perches. Comptez deux heures de visite par fort, bonnes chaussures et lampe torche en renfort.
Dans un tout autre style, l’association
Atomes propose une visite d’un site classé « secret défense ». Ouvert au public depuis 2016, le fort souterrain du Salbert construit en pleine guerre froide par l’OTAN pour repérer les avions russes est devenu le seul souterrain de l’Organisation qu’il est possible de visiter dans le grand est. Environ 500 militaires nommés les « aviateurs » vivaient dans ce complexe. Abandonné avec beaucoup de matériel à l’intérieur, on visite aujourd’hui ce labyrinthe et sa salle des opérations dans une ambiance toute particulière.
Un Lion monumental surplombant la ville
Belfort se blottit au pied d'un promontoire rocheux qui offre un magnifique écrin au Lion de Bartholdi.
Nous sommes en 1872 et pour rendre hommage à la bravoure de ses soldats qui ont vaillamment résisté à l’envahisseur prussien, la ville fait appel à un sculpteur réputé. À l'origine, il n’était question que d’une simple statue, mais Auguste Bartholdi vit les choses en grand et proposa un monumental lion en grès rose des Vosges, dos à l’ennemi l’ignorant d’un superbe dédain, la patte posée sur une flèche qu’il vient d’arrêter. Aujourd’hui, même s’il existe des répliques du Lion à Paris et à Montréal, le Territoire de Belfort peut être fier d’être le berceau de la plus grande sculpture en pierre de France. Surplombant le Lion : la Citadelle, l’une des plus célèbres de France. Ancien château remodelé par le comte de La Suze, consolidé par l’incontournable Vauban à partir de 1687, remanié par le général Haxo au XIXe siècle, elle témoigne du rôle de bastion qu’a toujours tenu Belfort. Cour d’honneur, tunnel pavé, bastions, porte pont-levis, Grand Souterrain, fossé médiéval et terrasse au panorama grandiloquent sont à eux-seuls un véritable livre d’histoire à ciel ouvert. En face, sur les collines environnantes, les forts de la Justice et de la Miotte sont venus à partir de 1831, renforcer la sécurité de la ville. Vue du ciel, on comprend mieux comment les belfortains ont su résister face aux forces ennemies. Mais cantonner Belfort à son image de cité de garnison, serait bien réducteur. Il suffit de descendre en ville pour définitivement supprimer tout clichés. Un peu partout l’alchimie opère malgré les différences de styles et de caractère : d’un côté, médiévale, militaire, haussmannienne et ouvrière, elle est aussi vibrante de vie avec ses désinvoltes terrasses, ses fontaines, sa Savoureuse rivière, ses façades colorées et fleuries, ses marchés animés, ses ruelles pittoresques bordés d’antiquaires, son ambiance Belle époque ou ses internationales Eurockéennes sises sur la balnéaire presqu’ile du Malsaucy. Une ville ouverte, festive et à l’esprit résolument tourné vers l’avenir.