Sur les traces des Templiers LA COMMANDERIE D’ARVILLE, POUR UN VOYAGE DANS LE TEMPS
Les Templiers, à la tête d’un important patrimoine, avaient divisé la chrétienté en une quinzaine de provinces, et possédaient un millier de commanderies, principalement en France (700 environ au début du xive siècle sur le territoire de la France actuelle). À la dissolution de l’Ordre, elles ont toutes été remises – plus ou moins rapidement ! – à l’ordre des Hospitaliers, qui les ont souvent remaniées. Certains de ces bâtiments, surtout les chapelles, ont quand même été préservés et conservés dans l’état de leur fondation et de leur occupation templières.
La commanderie d’Arville, dans le Loir-et-Cher, est l’un des ensembles templiers les mieux préservés, même s’il a été remanié, avec son église de brique de style roman (xiie siècle), le centre du porche (xiie siècle également), la commanderie, les presbytères, l’écurie, le jardin médiéval, une tour transformée depuis en pigeonnier, la grange dîmière, l’ancien four à pain... La commanderie d’Arville possède alors près de 1000 ha de terres, où les frères élèvent vaches, cochons, moutons et peut-être des chevaux de la race percheronne, appréciés à la guerre comme dans les champs.
Située à Élancourt, la chapelle de la Villedieu, vestige de la commanderie, a été bâtie au xiie siècle. Somptueusement éclairées par 14 fenêtres particulièrement grandes (6 m sur 1,40 m), ses quatre travées sont ornées de clés de voûte sculptées. Ouverte à l’ouest, sa porte est surmontée d’une archivolte en pointe de diamant, typique du xiie siècle. La chapelle est également pourvue d’une tourelle octogonale. « C’est une chapelle vraiment remarquable et pleine de charme, souligne le médiéviste Jean-Vincent Bacquart. On peut notamment y voir des vitraux de l’époque templière en provenance de la chapelle de la commanderie de Sainte-Vaubourg, et qui ont été remontés à Élancourt. »
Si l’ensemble a été modifié par les Hospitaliers, on peut tout de même trouver des vestiges templiers, notamment la maison templière et une partie de l’église.
Non loin de Troyes et du village originel de Payns, la commanderie d’Avalleur était, à la dissolution de l’Ordre, l’une des plus prospères. Fondée au xiie siècle, elle était composée d’une chapelle et de bâtiments conventuels et agricoles. Sa chapelle gothique est caractéristique de l’époque templière et bien préservée: rectangulaire, à chevet plat, elle abrite une nef unique partagée en trois croisées d’ogives, éclairée par des ouvertures latérales hautes. Un escalier en colimaçon mène à la charpente d’origine, en châtaignier.
Si l’essentiel des sites templiers se trouve en France, de nombreux vestiges subsistent à l’étranger. En Italie par exemple, l’église San Bevignate à Pérouse, outre ses imposantes dimensions, comporte de remarquables éléments décoratifs peints représentant des éléments du quotidien des frères. La première commanderie de Londres avait été fondée peu de temps après le passage d’Hugues de Payns en Angleterre, avant d’être transférée en 1161 à la Temple Church, sur un terrain cédé par le roi d’Angleterre, Henri II Plantagenêt. En Espagne, le château templier de Ponferrada, et au Portugal, l’église Santa Maria dos Olivais de Tomar et le château des Templiers-Couvent du Christ de Tomar, sont également des étapes incontournables.