DÉSERT DE RETZ, LE JARDIN DES LUMIÈRES (CHAMBOURIN, YVELINES)
Créé au xviiie siècle, ce parc philosophique peuplé de fabriques fut un lieu de méditation et de réflexion politique. En ce siècle des Lumières, François Nicolas Henri Racine du Jonquoy, dit comte de Monville, mène une vie d’aristocrate cultivé. En 1774, près du village de Retz, en bordure de la forêt de Marly, il achète 40 hectares de terrain où il va donner vie à une utopie: le Désert de Retz. Pour créer ce « paradis où tous les hommes, toutes les architectures et toutes les civilisations sont unis », il aménage un vallon, creuse un étang, plante un jardin d’herbes et importe des essences d’arbres rares. En une décennie, le Désert s’anime. Au jardin anglo-chinois s’agrègent 17 fabriques (ou folies), tente tartare, pyramide glaciaire, théâtre de plein air ou temple du dieu Pan, où le comte, harpiste virtuose, donne ses ariettes. La pièce maîtresse de ce « jardin d’enchantement, de méditation et de réflexion politique » est sa colonne. Haute d’une quinzaine de mètres, percée de fenêtres dans sa partie basse, elle fut artificiellement lézardée, on lui donna cette physionomie ruiniforme pour mieux souligner l’imperfection humaine et terrestre. Il y organisait réceptions, pièces de théâtre, concerts où se retrouvaient Marie-Antoinette, Madame du Barry, Thomas Jefferson et l’élite intellectuelle des Lumières. La Révolution mit un point final à l’aventure philosophique. Dès lors, le Désert de Retz se délita dans l’indifférence générale, jusqu’à ce qu’André Malraux sauve, en 1965, ce patrimoine du Siècle des Lumières. Mairie de Chambourin, Service Culture et Animation. Réservation obligatoire. Tél. : 0139223137. chambourcy.fr