3 QUESTIONS À… CHANTAL THOMAS
Pourquoi vous être intéressée à l’épisode des premières fiançailles ratées de Louis XV?
Il est assez méconnu mais ses détails en disent beaucoup sur les cours de France et d'Espagne, sur la Régence et sur le rapport qu'on a alors à l'enfance. De nombreux témoignages permettent de cerner les événements: les lettres de la princesse Palatine qui est éblouie par la petite infante, sa personnalité inhabituelle et sa maturité exceptionnelle; Saint-Simon également, qui en parle aussi. J'ai pu consulter des billets très touchants entre les fiancés côté espagnol, mais aussi des lignes ajoutées par la petite infante à la fin de lettres de Madame de Ventadour. Ces lettres décrivent d'ailleurs bien l'atmosphère de la Cour.
En effet, car c'est l'ancienne gouvernante de Louis XV qui va s'occuper de la fillette...
Oui, et Louis XV, qui était très attaché à « Maman Ventadour », en conçut beaucoup de jalousie. Cet épisode permet également de cerner la personnalité du futur roi: il est très méfiant, mélancolique, silencieux, refermé sur lui-même. Il se sent humilié par cette union à un « bébé », et piégé par ce mariage qu'il n'a pu refuser. Il y a ce fameux épisode de l'accueil dans la cour du Louvre, où le roi reçoit sa fiancée en lui offrant une poupée. Un jouet. Car ce ne sont que des enfants. C'est une histoire entre enfants, et c'est ce qui m'a émue.
Louis XV est particulièrement froid au moment de la rupture des fiançailles…
Il ne vient même pas lui dire au revoir. Il est soulagé au fond, et prie son entourage de ne pas le fiancer à nouveau trop rapidement. Mais il accomplira son devoir de souverain en acceptant quelques mois plus tard d'épouser Marie Leszczynska. La petite infante est renvoyée sans cérémonie chez ses parents. C'est extrêmement cruel.