Secrets d'Histoire

« Les rois ne meurent pas en France ! Voilà le roi vivant ! »

- Par Coline Bouvart

Louis a 8 ans lorsque son père Henri IV succombe aux coups de Ravaillac. Son règne commence dans le sang et les larmes, et le nouveau roi restera durablemen­t marqué par le drame même s’il démontre alors une fermeté d’âme et un courage dont il ne se départira plus.

Il est 16 heures environ, cet après-midi du 14 mai 1610, lorsqu’Henri IV sort dans la cour du Louvre, monte dans son carrosse, et ordonne qu’on le conduise chez son ministre Sully, à l’Arsenal. Il a écouté les avertissem­ents de son entourage et de Marie de Médicis, sacrée reine la veille, qui partagent tous un sombre pressentim­ent. Mais Henri IV décide d’en faire fi. Une silhouette se glisse pourtant dans le sillage de son attelage, jusqu’au moment où le convoi s’engage dans l’étroite rue de la Ferronneri­e. Des charrettes chargées de foin et de tonneaux de vin bloquent le passage, le carrosse est à l’arrêt. Ravaillac saisit l’occasion, saute sur l’une des roues et poignarde trois fois le roi. Blessé aux côtes, puis au poumon et à l’aorte, le roi est transporté à toute vitesse au Louvre. Le palais retentit de cris. « Il expire en bas de l’escalier Henri II, au niveau de la porte en bronze dans la cour carrée du Louvre », précise l’historien JeanPaul Desprat. Marie de Médicis, qui avait accouru en entendant le tumulte, s’effondre au pied du lit où le roi avait été porté.

Le roi est mort, vive le roi !

Le dauphin était parti en promenade dans Paris avec son gouverneur M. de Souvré. Rattrapés par Vitry, le capitaine des gardes du corps, ils rentrent aussitôt au palais. Louis y découvre sa mère en larmes, hors d’elle, criant et se lamentant : « Le roi est mort, le roi est mort! » L’historien Jean-Christian Petitfils raconte que le chancelier Brûlart de Sillery rappelle alors avec hauteur à la reine, en désignant Louis : « Les rois ne meurent pas en France ! Voilà le roi vivant, Madame ! » Dès le lendemain en effet, lors d’un lit de justice, Louis XIII accomplit son premier acte de roi en confiant la régence à Marie de Médicis. Héroard, dans son Journal, consigne la réaction de l’enfant à l’assassinat de son père. Il pleure en apprenant la nouvelle et déclare en parlant de Ravaillac : « Ha ! Si j’y eusse esté avec mon espée, je l’eusse tué. » Il demande également à dormir dans la chambre de son gouverneur par peur des cauchemars et surtout d’être lui-même assassiné. Le lendemain, il est toujours troublé, mais l’insoucianc­e de son âge lui permet d’éprouver quelques moments de gaieté fugaces. Mais s’il témoigne par la suite encore quelque tristesse à sa nourrice et Mme de Montglat, il démontre également, comme le souligne Jean-Christian Petitfils, « par son comporteme­nt impassible lors de la séance du Parlement, […] qu’il était capable de museler son émotion. Louis XIII sera toujours un roi secret et pudique. » (Louis XIII, éd. Perrin).

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14 mai 1610, de Alexandre Hesse (18061879). Le roi, étendu sur son lit à baldaquin, est entouré des ducs d’Épernon, de Montbazon de Lavardin, de Caumont et de Liancourt, premier écuyer.
Le Corps d’Henri IV exposé au Louvre, à sa mort le 14 mai 1610, de Alexandre Hesse (18061879). Le roi, étendu sur son lit à baldaquin, est entouré des ducs d’Épernon, de Montbazon de Lavardin, de Caumont et de Liancourt, premier écuyer.

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