DÉMÉNAGER À LA CLOCHE DE BOIS
À la toute fin du xviiie siècle, début xixe siècle, la capitale et les grandes villes de province possèdent des habitats ouvriers extrêmement
précaires. Nombre de propriétaires d’immeubles proposent à la location des « garnis », petits hôtels meublés, loués à la journée, au mois ou plus. Les loyers sont payables d’avance et pour les locations longue durée, il faut s’acquitter du loyer « au terme » (six mois) ou « au petit terme » (trois mois). Le crédit était un principe de fonctionnement très fréquent. Lorsque la note était trop élevée et donc non honorée, le locataire préférait prendre, à l’aube et en toute discrétion, congé de son meublé. Pour ne pas se faire repérer, il enveloppait le battant de la cloche équipant la porte d’entrée dans un chiffon, rendant la cloche muette comme un morceau de bois. D’où l’expression « déménager à la cloche de bois » (à Lille, on parle de « déménager à la Saint-Pierre »). Si les anarchistes sont les premiers à organiser ces déménagements clandestins, il existait à Montmartre en 1890 une ligue anti-propriétaires dénommés « La Cloche de bois ».