On ne psychanalyse pas les morts !
La psychiatrie est créée pendant la Révolution française et la psychanalyse au crépuscule du xixe siècle. Ces disciplines mettent des mots sur les maladies de l’âme. Fort de la connaissance des limites des outils psychiatriques, l’historien peut prudemment esquisser un tableau clinique des troubles psychiques des grands personnages historiques.
Qu’il serait commode de convoquer les mânes de Sigmund Freud pour allonger sur son divan celles de Catherine II de Russie, d’Ivan le Terrible ou de Hitler… mais on ne psychanalyse pas les morts. La prudence est de mise lorsque l’on veut essayer de comprendre le fonctionnement psychique des personnages historiques. Et pour cause, la psychiatrie est née en 1793 pendant la Révolution française lorsque le médecin aliéniste Philippe Pinel et le surveillant de l’asile d’aliénés Jean-Baptiste Pussin ont essayé de rechercher les signes cliniques de leurs patients pour établir des diagnostics. Avant cette date, le fou échappe à la raison… si l’on peut dire! Certes, dans l’Antiquité, Hippocrate essaye de donner une étiologie à la mélancolie ou aux colères dévastatrices. Tous les troubles proviennent du déséquilibre des quatre humeurs produites par le corps. Si la rate s’épanche en longs jets de bile noire, l’individu sera triste. Le foie produit trop de bile jaune? Voilà quelqu'un enclin aux emportements homériques. Pour ce qui est des visions ou de l’épilepsie, le médecin est impuissant car il s’agit là des caprices des dieux. Au Moyen Âge, le diable est responsable des troubles psychiques. La famille aimante attache son fou pour qu’il ne se blesse pas et convoque l’exorciste pour chas