CAMILLE PASCAL : « L’AVÈNEMENT DE PHILIPPE V EST UN TRAUMATISME »
Philippe V, petit-fils de Louis XIV, est le premier Bourbon ibérique.
Malgré sa mélancolie et son addiction au sexe, il résiste à la guerre de Succession d’Espagne et rêve de la couronne de France… Camille Pascal en a fait l’un des personnages de son prochain roman sur la conspiration de Cellamare.
Qui est Philippe V d’Espagne, le petit-fils de Louis XIV devenu roi d’une puissance étrangère ?
Carlos II meurt sans avoir eu d’héritier mais il avait pris ses dispositions testamentaires. Pour éviter que son empire ne soit partagé entre les puissances étrangères, il le place sous la protection de la France en confiant sa couronne à Philippe, duc d’Anjou, l’un des petits-fils de Louis XIV. Évidemment, les autres souverains européens se liguent contre le nouveau roi pour contester cet héritage. La guerre de Succession d’Espagne dure douze ans. Elle se conclut par le traité d’Utrecht (1713) qui laisse Philippe V sur le trône d’Espagne mais interdit la réunion des couronnes d’Espagne et de France.
On décrit Philippe V comme fou. De quels troubles souffre-t-il ?
Fou ? C’est peu de le dire… Lorsqu’il devient roi, Philippe a 17 ans. Ce cadet de famille n’a pas été élevé pour régner. Depuis l’enfance, il souffre d’une mélancolie héritée de sa mère, Marie-Anne de Bavière. Les Habsbourg et les Wittelsbach dont elle descend sont tous plus ou moins dépressifs. L’avènement de Philippe est un traumatisme car il se retrouve brutalement déraciné de Versailles, projeté dans un pays dont il ne connaît rien et engagé dans une longue guerre. Il souffre de périodes de prostration pendant lesquelles il ne parle à presque personne. Seuls les concerts privés du castrat Farinelli le sortent de son apathie. Il écoute quotidiennement les quatre mêmes arias interprétés derrière un paravent. Philippe est aussi érotomane. Il ne trompe jamais sa femme car il est très pieux mais il lui faut cinq à six rapports par jour. Cette abondance de jouissance bien que conjugale n’est-elle pas peccamineuse ? Pour le savoir, le roi demande au père Daubenton de rester dans sa chambre la nuit et de compter ses orgasmes afin de les interrompre avant de pécher.
Vous révélez en exclusivité à Secrets d’Histoire le sujet de votre prochain roman à paraître à la rentrée 2022 aux éditions Robert Laffont : la conspiration de Cellamare. Quel a été le rôle de Philippe V dans cette conjuration contre la régence ?
Il a été central car Philippe aurait souhaité se substituer à Philippe d’Orléans, le régent du jeune Louis XV, pour être en mesure de récupérer la couronne en cas de décès prématuré et ce malgré l’interdiction du traité d’Utrecht. La duchesse du Maine, l’épouse du bâtard de Louis XIV, est au coeur du complot. Le régent a fait casser le testament du RoiSoleil pour écarter celui-ci du pouvoir et instaurer son régime autoritaire. Cette conspiration est formée d’une galerie de personnages hauts en couleur auxquels j’ai voulu redonner vie.
Fou ? C’est peu de le dire… Lorsqu’il devient roi, Philippe a 17 ans. Ce cadet de famille n’a pas été élevé pour régner. Depuis l’enfance, il souffre d’une mélancolie héritée de sa mère, MarieAnne de Bavière.