NÉRON, UN HOMME SANS LIMITE

Comment Néron (3768 ap. J.-C.) pouvait-il devenir un adulte équilibré face à une mère qui l’a convaincu d’être l’homme le plus puissant de la terre tout en étant castratrice au point de le priver de l’exercice du pouvoir ? Lorsque le jeune homme est acclamé empereur à 17 ans, il sait qu’il doit tout à sa génitrice. Agrippine la Jeune est capable de manipulations et de bien des crimes. Bientôt, Néron redoute cette mère dont il cherchait autrefois l’approbation. Il la chasse du palais et paye des gens pour l’insulter dans la rue. Quand les ennemis de sa mère le persuadent qu’elle prépare un coup d’État, il cherche à la faire condamner à mort. Mais à Rome, il n’existe pas de crime plus ignominieux que le matricide. Suite à de longues ruminations, il la fait assassiner dans la nuit du 19 au 20 mars 59 après une scène publique de réconciliation (ci-dessus : Néron devant le cadavre de sa mère Agrippine, de Pedro Negri, vers 1675). Depuis son acte impie, une digue s’est rompue dans son esprit. Désormais, tout lui est possible. Il se consacre à sa carrière d’acteur alors que les aristocrates n’ont pas le droit de monter sur scène. Il fait condamner à mort son épouse Octavie pour se marier avec l’intrigante Poppée. Bravache, il se montre en soirée avec une courtisane qui ressemble trait pour trait à sa mère et se vante de coucher avec elle. La morale et la loi n’existent plus pour lui. Il se veut tout-puissant, tout doit se plier à ses désirs jusqu’à l’urbanisme de Rome qu’il redessine après l’incendie destructeur de 64. Ses excès génèrent plusieurs révoltes à Rome et dans les provinces de l’Empire. Il se suicide en juin 68 pour échapper à une mort infamante. Son orgueil a au moins été le dernier bastion de sa dignité.