Commode, l’empereur pourpre
Fils du philosophe Marc Aurèle, Commode, le dernier empereur des Antonins, ne se montre pas à la hauteur des valeurs de son père. L’enfant gâté prêt à demander le meurtre de ses esclaves à la moindre contrariété devient un empereur aussi tyrannique que débauché. Il humilie son entourage et décrète des condamnations à mort en fonction de ses humeurs.
Commode (161-192 ap. J.-C.) est le premier empereur porphyrogénète, littéralement « né dans la pourpre ». Cela signifie qu’il a vu le jour alors que son père était déjà empereur. Le philosophe Marc Aurèle constate rapidement que son fils, malgré son éducation, n’est pas à la hauteur de ses valeurs. Commode est un enfant autoritaire et méchant, trop conscient d’appartenir à la fine fleur de l’élite. Âgé de seulement 12 ans, il se met en colère parce que son bain est trop tiède. Il exige que l’esclave responsable soit jeté dans la chaudière! Offusqué, son pédagogue immole une peau de mouton. L’odeur de chair brûlée se répand dans les thermes du palais.
Rome libérée du monstre
Lorsqu’on demande à Commode s’il regrette d’avoir fait donner un ordre aussi cruel, il ne montre aucun remords… Une fois devenu empereur, il s’entoure de canailles, court les tavernes et les lupanars. Mais surtout, il s’attaque aux sénateurs, les condamnant arbitrairement à la mort ou à l’exil pour les spolier. Sa propre soeur Lucille, horrifiée, ourdit un complot contre lui avec l’aide de quelques proches mais celui-ci échoue à cause de la théâtralité du sicaire qui s’écrie avant de frapper : « Voici le poignard que le sénat t’envoie ! » Commode se venge par une nouvelle purge de la curie. Lucille est reléguée. Sachant combien il excite la haine, l’empereur se montre plus tyrannique que jamais. À ses excès s’ajoute un vice: Commode aime descendre dans l’arène et se battre comme un gladiateur. Or ces combattants, bien qu’adulés pour leurs exploits, forment à l’instar des prostituées la lie de la société. À la souillure de l’arène, s’ajoute celle de ses débauches sexuelles. Craignant pour leur vie soumise à ses sautes d’humeur, sa concubine Marcia et le chef de sa garde Aemilius Laetus décident de l’empoisonner. Hélas, le monstre résiste. Un athlète avec lequel l’empereur a coutume de s’entraîner est appelé à la rescousse. Après avoir été étranglé, le corps de Commode est enterré à la hâte alors que Rome libérée sombre dans une liesse enragée.