LES (TROP) NOMBREUX TOMBEAUX de la sainte femme
Quatre lieux abriteraient le tombeau de Marie Madeleine. La tradition provençale, en partie reconnue par les Orientaux, admet que celle-ci aurait séjourné en Gaule. Cela légitimerait le sanctuaire de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume comme dernière demeure de la Magdaléenne. Une tombe découverte en 1980 à Jérusalem permet pourtant d’élaborer une nouvelle hypothèse.
Depuis le milieu du xie siècle, le sanctuaire de Vézelay prétend détenir les reliques de Marie Madeleine. Des récits contradictoires racontent comment le corps de la sainte femme y est arrivé. Tout commence au viiie siècle alors que les abbés de Vézelay entreprennent de sauver le tombeau provençal de Marie Madeleine des Sarrasins. Selon les uns, un chevalier, frère de l’un des religieux de la congrégation, savait où le tombeau se trouvait car il l’avait vu dans son enfance. Selon les autres, les religieux se sont lancés dans une course au trésor dans le territoire d’Aix… Dans les deux cas, la tradition provençale est le point de départ du sauvetage des reliques. Cela prouve qu’elle était très ancienne et tenue pour vraie à l’aube du Moyen Âge. Découvert à Saint-Maximin, le corps de la sainte aurait été placé nuitamment dans un chariot et emmené à Vézelay par la route de Salon-de-Provence. Mais le sanctuaire de Vézelay est fondé à la fin du ixe siècle seulement, plusieurs décennies avant la translation de Marie Madeleine. Si les pèlerinages en son honneur ont connu un beau succès en Bourgogne, notamment au xiie siècle, les Français puis les papes ont privilégié SaintMaximin-la-Sainte-Baume comme lieu de sépulture de la Magdaléenne. Néanmoins, aucune analyse scientifique n’atteste que la femme de Saint-Maximin a bien vécu au ier siècle de notre ère et rien ne prouve que Marie Madeleine ait quitté la Judée.
Jérusalem, quartier de Talpiot, 1980. Les excavatrices préparent le terrain pour un nouvel ensemble immobilier. Elles butent sur les pierres d’une chambre funéraire décorée de chevrons et de cercles en usage au ier siècle. À l’intérieur, se trouvent une dizaine d’ossuaires placés aujourd’hui dans les collections archéologiques de l’État d’Israël. En 1994, l’épigraphiste Levi Rahmani étudie les inscriptions en araméen de ces cercueils de pierre. Il lit : « Jésus, fils de Joseph », « Maria », « Joseph », « Judas fils de Jésus » et « Marianne », autrement dit, Marie Madeleine. Les historiens et les théologiens se crispent. Ces noms sont courants dans l’Antiquité… Des analyses ADN ont prouvé que Jésus et Marie Madeleine n’avaient pas de liens familiaux. On peut donc les considérer comme des époux. Un jour, l’analyse de l’ADN du petit Judas apportera peut-être des précisions sur leur lien.
En 2002, l’ossuaire de Silwan a aussi fait l’objet d’analyses. Cet objet connu depuis longtemps par les antiquaires interpellait à cause de son inscription
« Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus ». La mention de la fratrie est rarissime sur une urne cinéraire. Or, il a été prouvé grâce à la chimie qu’il provenait bien du tombeau de Talpiot que certains n’hésitent plus à appeler le tombeau de Jésus. Si de nouvelles analyses venaient compléter des individus de ce tombeau, faudrait-il admettre que la Magdaléenne a été l’épouse de Jésus et qu’elle lui a donné un fils?