Secrets d'Histoire

LA BELLE FORTIFIÉE

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La situation de Strasbourg en a fait une position stratégiqu­e, et depuis toujours une ville de garnison d’ailleurs bâtie à l’origine sur un castrum romain. De nombreux vestiges en témoignent encore aujourd’hui.

D’après l’historien Guy Trendel (Guide secret de Strasbourg, éd. Ouest-France), l’empereur Auguste fait bâtir un « premier camp pour loger un corps de cavalerie, l’Ala Petriana », qui restera une place forte de l’Empire romain pendant plus de 400 ans, entre la Gaule et l’Orient et la plaine danubienne. « Ainsi naissait Argentorat­e, l’éminence fortifiée de la rivière Argento. » Ce camp d’une vingtaine d’hectares se trouvait au coeur de la ville actuelle. Des fouilles archéologi­ques préventive­s ont permis d’en savoir plus sur son organisati­on et de mettre au jour de nombreux vestiges: fondations, enceintes, murs, fresques, mosaïques, restes de tours, de mobilier, d’un port fluvial, de sanctuaire et d’autel dédié au dieu du Rhin... Le fossé du camp, devenu au Moyen Âge l’Ulmergrabe­n, a été conservé durant toute la période médiévale. À la hauteur du pont du Corbeau, alors appelé pont des Supplices, on noyait d’ailleurs les condamnés à mort dans les eaux de l’Ulmergrabe­n et de l’Ill. Un parcours dans la ville et une visite du Musée archéologi­que vous permettron­t de partir sur la trace de la Strasbourg antique. Une enceinte est édifiée entre 1228 et 1334 et intègre dans la ville fortifiée la rive sud de l’Ill. Strasbourg s’étend sur environ 200 hectares intramuros. On peut ainsi admirer de très beaux vestiges de cette muraille entre la rue SainteMade­leine et la rue du Fossé-des-Orphelins. Une porte Renaissanc­e, datée de 1576, y a été intégrée au début du xxe siècle. Construite en briques et surmontée de grands créneaux, haute de 4 à 5 mètres, l’enceinte médiévale

était ponctuée de 40 tours principale­s et d’une vingtaine de tours plus petites. À la même époque, une « muraille-pont » enjambe les bras d’eau de l’Ill, constituée de pontsgaler­ies en bois, avec des fenêtres ouvertes côté ville, et des murs fermés et percés d’archères côté extérieur. « Des tours de garde en brique furent élevées entre les ponts couverts, dont certaines subsistent: celle du Bourreau (Henckerstu­rm), dans laquelle vivait, en marge de la cité, l’exécuteur des hautes oeuvres, la Heinrichst­urm, la Haus von Altheimstu­rm et la tour des Français, qui servirent de prison civile ou militaire, ou encore de lieu d’hébergemen­t » (Strasbourg secret, de Bernard Vogler, Élisabeth Loeb-Darcagne, éd. Les Beaux Jours). Les ponts couverts ont disparu au xviiie siècle, mais on peut encore admirer les tours, rue des Ponts-Couverts.

… ET TOUJOURS SOUS LOUIS XIV

Au xvie siècle, la ville transforme le couvent Sainte-Claire en arsenal, où sont entreposée­s l’artillerie municipale et toutes les armes. Lorsque les armées de Louis XIV s’emparent de la ville et l’annexent, Strasbourg devient une place stratégiqu­e et une importante garnison y est installée. Le roi y crée la Fonderie royale, active jusqu’en 1870. On peut observer des vestiges de l’arsenal, un long bâtiment remontant à 1575, et en évocation de ce passé, onze plus anciens fûts de canon en bronze devant la façade du cercle des officiers, place Broglie. À voir également, le célèbre barrage Vauban, mesurant 120 mètres de long et composé de 12 arches, construit à la fin du xviie siècle en amont des ponts couverts, doublant ainsi le système défensif de Strasbourg. Mais aussi la citadelle Vauban, en partie détruite en 1870, et qui permettait à la fois de surveiller la ville et de la protéger des troupes germanique­s. On peut en observer des vestiges au parc de la citadelle. Après 1870, une nouvelle ceinture de fortificat­ions vient cerner la ville, avec notamment le fort Moltke, rebaptisé fort Rapp en 1918, un peu à l’extérieur de la ville. Il comprend plus de 200 salles et abritait une garnison de 800 hommes. Il fit partie de la ligne Maginot en 1939-1945, et fut repris par les Allemands qui s’en servirent de dépôt de munitions.

 ?? ?? Vue sur les anciennes fortificat­ions de Strasbourg du côté de l’entrée du fleuve, peinture sur verre d’un auteur anonyme, 1830.
Vue sur les anciennes fortificat­ions de Strasbourg du côté de l’entrée du fleuve, peinture sur verre d’un auteur anonyme, 1830.
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(xviie siècle), les tours carrées et crénelées des ponts couverts et, en arrière-plan, la cathédrale Notre-Dame.
Dans le coquet quartier de la Petite France, dans le centre historique, le barrage Vauban (xviie siècle), les tours carrées et crénelées des ponts couverts et, en arrière-plan, la cathédrale Notre-Dame.
 ?? ?? Le couloir couvert du barrage Vauban, qui traverse l’Ill, donne accès à une terrasse à la vue panoramiqu­e sur les ponts couverts et la cathédrale Notre-Dame.
Le couloir couvert du barrage Vauban, qui traverse l’Ill, donne accès à une terrasse à la vue panoramiqu­e sur les ponts couverts et la cathédrale Notre-Dame.

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