1960-1966 LE BONHEUR À PORTÉE DE MAIN
Cette fois-ci, la reine et le Parlement ainsi que l’église regardent d’un oeil plutôt favorable le nouveau prétendant de Margaret. Élisabeth parce qu’elle aime sa soeur et culpabilise sans doute de lui avoir déjà imposé la raison d’État; le Parlement et l’Église parce qu’ils n’ont pas grand-chose à reprocher au jeune Tony, certes pas de grande naissance, mais pas divorcé celui-là. Et à Buckingham, tout le monde sent bien qu’il ne faudrait pas aller une seconde fois contre la volonté de la cadette des Windsor.
Alors que Peter Townsend et Marie-Luce se marient en décembre 1959, Margaret et Tony se fiancent aussitôt, dans l’intimité. Il n’y a pas d’annonce officielle tant que la reine, qui attend son troisième enfant, n’a pas accouché. C’est chose faite le 19 février, et une semaine plus tard le communiqué qui officialise les fiançailles est publié. Stupeur dans le pays aussi bien qu’à la cour, les amoureux avaient bien caché leur bonheur ! Les Anglais ne comprennent pas pourquoi Tony a plus de chance que Peter, l’aristocratie manifeste ses réticences, trouvant le fiancé décidément pas de son monde. Certains marquent leur désapprobation en n’invitant pas Margaret à leurs réceptions huppées.
À Buckingham, tout le monde sent bien qu’il ne faudrait pas aller une seconde fois contre la volonté de la cadette des Windsor.
La princesse Margaret arrive à un défilé de mode à Édimbourg, en Écosse, en 1959.
MARIAGE EN GRAND À WESTMINSTER
Celle-ci n’en a cure, tout à son nouveau bonheur. Elle peut compter sur le soutien d’Élisabeth et de Philip, qui ouvrent grand leurs bras au roturier. C’est le prix à payer pour avoir détruit l’avenir avec Peter. Sept ans après le couronnement de sa soeur, Margaret se marie en grand à Westminster. 2 060 invités, tout Londres est dans la rue, les télévisions du monde entier filment son sourire radieux, que Cecil Beaton se charge d’immortaliser sur les photos officielles. Seul bémol, quelques têtes couronnées ont décliné l’invitation, goûtant peu cette mésalliance, tel Baudouin de Belgique, les rois de Suède, de Norvège, de Grèce, ou Juliana, reine des Pays-Bas. La lune de miel a lieu sur l’île Moustique, un petit paradis caché qu’un ami de Margaret fait découvrir au couple. Elle en revient enchantée, Tony beaucoup moins, peu sensible aux charmes des Caraïbes.
UN COUPLE INSOLITE À KENSINGTON PALACE
De retour en Angleterre, le couple s’installe à Kensington Palace. Les nouveaux mariés s’adorent, mais commencent déjà à se déchirer. Tony est très indépendant et compte bien le rester. Il n’est pas question pour lui de vivre aux frais de la princesse et d’abandonner son métier. D’ailleurs il installe son atelier au sous-sol de Kensington. Margaret comprend mais ne le trouve pas assez attentionné. Les journaux et l’opinion publique s’offusquent qu’un membre de la famille royale travaille. Le jour où Tony vend à prix d’or les photos de son premier-né, David, et de la maman, c’est l’indignation. Un fossé commence à se creuser entre les Anglais et cette
Tony est très indépendant et compte bien le rester : pas question pour lui de vivre aux frais de la princesse et d’abandonner son métier.
princesse dont ils aimaient tant la mélancolie. Désormais, Margaret suit son mari dans les boîtes à la mode, et comme lui, boit beaucoup ; devenue une habituée des potins de la presse, elle descend de son piédestal de princesse, ce que l’opinion a du mal à lui pardonner.
UNE UNION DÉJÀ MENACÉE
Avec le temps, les dissensions s’aggravent dans le couple. Tony ne supporte pas le carcan des obligations royales, auxquelles il fait de plus en plus faux bond, pour se consacrer à son travail et à son cercle d’amis, souvent du monde de la nuit. Margaret, qui se révèle dépendante affective, a besoin d’une épaule solide. À défaut de la trouver chez Tony, elle se tourne vers le gin. La naissance de Sarah en 1964 ne change rien à leur désaccord même s’ils s’aiment toujours. La fragilité de Margaret lui fait chercher une présence masculine, d’abord avec l’acteur Peter Sellers, puis un ancien petit ami, Robin DouglasHome, aristocrate et pianiste dans les night-clubs. Le nouvel élu profite des nombreuses absences de Tony, souvent en reportage à l’étranger, pour voir la princesse durant l’hiver 1966 et le printemps suivant. La presse à scandale en fait ses choux gras et parle d’idylle, Tony joue l’indifférence en s’affichant avec de jolies femmes, l’opinion s’en irrite. Margaret est alors hospitalisée pour un check-up complet, les tabloïds évoquent une prise excessive de somnifères. Avec ou sans Robin, Margaret n’a toujours pas trouvé la sérénité.