LA PLUS AIMÉE DES ÉPOUSES Néfertari-Meryenmout
Néfertari-Meryenmout, « la plus belle », « l’aimée de Mout » : si ces qualificatifs déterminent son nom et sa titulature, ses origines et les conditions de son départ vers l’autre monde sont nimbées de mystère. Grande épouse royale de Ramsès II, qui la divinise, son parcours la place au rang des plus éminentes souveraines d’Égypte.
Elle n’est pas de sang royal, la gracieuse jeune fille que Séthi Ier choisit pour devenir l’une des épouses de son fils, le futur Ramsès II. Qualifiée de « noble dame », Néfertari serait née dans une puissante famille aristocratique d’Akhmim, en Haute-Égypte, proche de la couronne. Ramsès II conservera sa vie durant une place de choix à sa « dame de grâce », sa « chanteuse au beau visage », épithètes louangeuses dont témoignent les admirables portraits de Néfertari. La souveraine assiste son époux, le conseille et porte des titres qui renvoient aux rôles politique, religieux et social qu’elle occupe. Conseillère de Ramsès II, elle oeuvre à ses côtés aux affaires du royaume et l’accompagne, notamment dans la région thébaine, lors d’un voyage qui vise à renforcer leur influence sur la Haute-Égypte. Ramsès, d’une lignée de militaires, est originaire du Nord et Néfertari lui est indispensable pour bénéficier du soutien des grandes familles aristocratiques du Sud dont elle est issue. Et lorsqu’il part en campagne affronter les Hittites à la bataille de Qadesh (ouest de la Syrie), c’est la reine, qui, depuis la résidence royale de Pi-Ramsès (Delta), assume les responsabilités du royaume. Lors du traité de paix signé entre Ramsès et Hattousil III, elle endosse un rôle diplomatique à travers la correspondance
qu’elle entretient avec la reine hittite Poudoukhépa, la qualifiant de « ma soeur », comme en témoigne une tablette cunéiforme découverte en Turquie.
DIVINE ÉPOUSE D’AMON
Pour Ramsès II, qui lui exprime son attachement, il semble que « celle pour qui le soleil brille », incarne la « femme parfaite » à l’égyptienne. Sa place éminente, Néfertari la doit surtout au premier fils – elle donnera naissance à huit enfants, dont quatre princes héritiers – qu’elle offre à Pharaon, recevant le titre envié de « mère du roi », essentiel dans le cadre de l’idéologie pharaonique. Reineprêtresse qui assume des fonctions liturgiques, en tant que première intermédiaire avec le monde divin, à l’instar du roi d’Égypte, elle reprend la charge prestigieuse de « divine épouse d’Amon » qui consiste à éveiller le potentiel sexuel du dieu créateur, afin de réitérer indéfiniment la genèse du monde. Dans les représentations, Néfertari apparaît telle une musicienne jouant du sistre et chantant ou encore en danseuse – talents qu’elle a acquis dès l’enfance, comme toute jeune fille de l’élite égyptienne. Elle incarne Hathor, déesse de la joie, de l’amour, de l’ivresse, qui préside aux festivités. Outre les statues qu’il fait élever à la souveraine, Ramsès ne se contente pas de faire creuser un époustouflant temple semitroglodyte à Abou Simbel (Nubie) pour affirmer sa propre divinité : il en consacre un autre à Néfertari, qui témoigne de la puissance et du rayonnement qu’elle a acquis au cours de ses années de règne. Elle y est divinisée, à l’instar des déesses Hathor, Mout et Sothis qui, en étoile annonciatrice de la crue du Nil, symbolise la fertilité indispensable à la prospérité du Double-Pays. La grande favorite de Ramsès serait décédée entre 40 et 50 ans (les raisons de sa disparition nous sont inconnues), sa flamboyante beauté fixée pour l’éternité sur les parois de sa tombe, « la chapelle Sixtine » de la vallée des Reines. ∫