LE SOUVENIR D’UN DÉBUTANT
Face à la basilique Saint-Sauveur, la rue Duguesclin – en un mot – mène jusqu’à la place de la Mairie par la rue de l’Hermine, et célèbre le souvenir du futur connétable de France, qui fit littéralement ses premières armes à Rennes.
Fils aîné d’un seigneur de petite noblesse locale, Robert II du Guesclin, Bertrand, né vers 1320, n’aurait pourtant pas été très estimé par son père qui ne l’a guère préparé à la chevalerie. Hargneux, bagarreur, brutal, l’enfant s’entraîne pourtant aux armes. Petit, trapu, les jambes « courtes », le teint foncé et la tête ronde… Si tout semble chez lui disproportionné et peu harmonieux, on sent poindre la puissance qui lui apportera la gloire.
UN AVÈNEMENT, PLACE DES LICES
En 1337, raconte Gilles Brohan (Guide secret de Rennes, éd. Ouest-France), de grandes réjouissances sont organisées en l’honneur du mariage de Jeanne de Penthièvre et de Charles de Blois, cousin du roi de France. Des joutes opposent les chevaliers les plus valeureux sur la place des Lices. Le jeune
Bertrand, qui se présente sans l’accord de son père, revêt une armure sans blason et parvient à défaire les autres adversaires. Ovationné par la foule, il refuse pourtant de se battre lorsque se présente un énième chevalier: il a reconnu son père. Devant l’incompréhension du public, il baisse alors son heaume et révèle son identité. Il ne peut combattre son propre père. Mais il entre dans l’Histoire.
L’UN DES PLUS GRANDS CHEVALIERS DE SON TEMPS
Il combat les Anglais dans la forêt de Brocéliande, devient l’un des compagnons de bataille de Charles de Blois et sert le roi de France après de 1353. Il s’illustre notamment lors du siège de Rennes, encore, par l’armée anglaise, en 1356-1357. Charles V l’appelle auprès de lui et le fait connétable. Une maison à pans de bois, rue Saint-Guillaume à Rennes, a longtemps été associée à son souvenir, car les armoiries de sa famille étaient peintes sur sa façade. Depuis, des études ont démontré qu’elle n’avait été bâtie qu’au xvie siècle. ∫
Rue de la Monnaie, dans le quartier de la cathédrale, un autre trésor a été découvert lors de travaux dans une maison en 1774. Caché vers la fin du iiie siècle, il était enfoui au milieu de gravats et de matériaux de construction, et composé d’une centaine de pièces de monnaie, d’une chaîne en or, d’une fibule cruciforme et d’une magnifique coupe en or ouvragée, appelée patère, qui a donné son nom au trésor. Ce dernier, d’un poids total d’environ 2,5 kg d’or massif, aurait été un cadeau impérial offert à une personnalité importante vivant alors à Condate. Et il a été offert par la suite au roi Louis XV, échappant à la refonte que les officiers de Monnaie royale appelaient de leurs voeux ! S’il avait rejoint les collections du Cabinet des médailles, il avait été volé en 1831 et retrouvé ensuite dans la Seine.