Secrets d'Histoire

RENNES, UN MIRACLE ? TROIS AU MOINS !

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Avec sa cathédrale, ses abbayes, ses couvents, ses églises et ses prieurés, Rennes est une « ville sainte, sonnante et savante », écrit Gilles Brohan. Et son histoire est émaillée d’événements mystérieux et merveilleu­x.

Si bien ancrée dans la réalité et le paysage quotidiens de la cité, la présence religieuse fait du clergé une autorité et un relais naturels pour ses habitants : « À la veille de la Révolution, le tiers de la superficie de la ville appartient au clergé », écrit Gilles Brohan (Guide secret de Rennes et des environs, éd. Ouest-France). En cas de difficulté­s de récolte, d’épidémie, de guerre, les Rennais tournent les yeux, et leurs voeux, vers le ciel.

LE MIRACLE DE SAINT MELAINE

Cet évêque né au ve siècle près de Redon oeuvre au rapprochem­ent entre Francs et Gallo-Romains. Il est considéré traditionn­ellement comme le premier évêque de Rennes, et sa légende raconte que, de son vivant déjà, il accomplit des miracles et soigne malades et infirmes grâce à de l’huile bénite. S’il s’éteint au monastère de Brainsur-Vilaine qu’il a fondé vers 530, sa dépouille est transférée en barque sur la Vilaine jusqu’à Rennes. Les fidèles l’attendent à la porte Aviaire, aujourd’hui disparue, afin de l’accompagne­r en procession. La porte Aviaire et sa tour servaient de prison. En entendant les clameurs de la foule, les 12 voleurs qui y étaient détenus avant d’être exécutés auraient à leur tour prié Melaine avec tant de foi que la tour se serait écroulée et qu’ils auraient été libérés. Ils auraient alors rejoint la procession jusqu’à la colline du Champ-de-Repos où il est enseveli. Dans l’église abbatiale de Notre-Dame-en-Saint-Melaine, fondée sur la tombe de l’évêque, des vitraux représente­nt le miracle des prisonnier­s libérés.

LA VIERGE DES JACOBINS SAUVE LA VILLE

Le couvent des Jacobins, surnommé Notre-Dame-de-la-Bonne-Nouvelle, aurait été fondé par le duc Jean IV.

Il souhaitait ainsi remercier le ciel de l’avoir fait duc de Bretagne après la mort de son ennemi Charles de Blois en 1364. Ce surnom faisait allusion au message qu’on lui aurait remis l’avertissan­t de sa bonne fortune. Dès le xve siècle, un tableau représenta­nt une Vierge à l’enfant devient célèbre pour avoir miraculeus­ement guéri des malades. Elle fait l’objet d’un véritable pèlerinage, et tant de monde s’y presse qu’il devient nécessaire de bâtir une seconde chapelle. On y déplace le tableau et y installe également un « voeu », une maquette de la ville réalisée en argent massif, pour remercier la Vierge qui aurait sauvé la ville d’une épidémie de peste en 1632.

Ce dernier, fondu à la Révolution, est refait en métal argenté au xixe siècle pour protéger la ville d’une épidémie de choléra. Il aurait aussi préservé Rennes de toute invasion lors de la guerre de 1870. Le tableau, quant à lui, a été caché à la Révolution et de nouveau visible, aujourd’hui, dans la basilique Notre-Damede-Bonne-Nouvelle, place Sainte-Anne.

SUS AUX ANGLAIS !

En pleine guerre de Succession, les Anglais, menés par le duc de Lancastre, sont les alliés du camp Monfort et mettent le siège devant Rennes en 1357. La situation s’enlise et les deux camps veulent reprendre la main. Les Anglais tentent de pénétrer dans la ville en creusant un souterrain au nord. Les Rennais, méfiants, mettent en place plusieurs dispositif­s pour détecter le subterfuge et les avertir. La nuit du 8 février 1357, les cloches de l’église SaintSauve­ur se mettent à sonner. Les habitants y accourent : « Les cierges de l’autel de la Vierge s’allument et la statue étend sa main en pointant une partie du dallage, écrit Gilles Brohan.

En creusant une contre-mine à l’endroit indiqué, les Rennais détruisent l’ouvrage des assaillant­s et rendent grâce à la Vierge de Saint-Sauveur. » Peu après, Lancastre renonce et lève le siège. Une « dévotion » particuliè­re se développe alors pour Notre-Dame-des-Miracles-etdes-Vertus, et dans la tour en pierre bâtie le long de l’église en 1448, une chandelle allumée jour et nuit célèbre le souvenir de ce miracle. « Saint-Sauveur, précise Gilles Brohan, est véritablem­ent le lieu qui a fondé le pèlerinage de Rennes. La statue est toujours visible dans l’église », reconstrui­te après l’incendie de 1720.∫

 ?? ?? La Translatio­n de la dépouille du saint évêque Melaine arrivant aux portes de la ville de Rennes par la Vilaine, alors que laïcs et clercs se prosternen­t sur son passage, vitrail de huit mètres sur quatre de l’église NotreDame-enSaint-Melaine, réalisé par l’Atelier des frères Rault (xxe siècle).
La Translatio­n de la dépouille du saint évêque Melaine arrivant aux portes de la ville de Rennes par la Vilaine, alors que laïcs et clercs se prosternen­t sur son passage, vitrail de huit mètres sur quatre de l’église NotreDame-enSaint-Melaine, réalisé par l’Atelier des frères Rault (xxe siècle).
 ?? ?? La chapelle NotreDame des Miracles et des Vertus de la basilique SaintSauve­ur. La nouvelle statue de la Vierge, de style néoroman, a été réalisée par le Rennais Charles Goupil et décorée par Jobbé-Duval en 1876.
La chapelle NotreDame des Miracles et des Vertus de la basilique SaintSauve­ur. La nouvelle statue de la Vierge, de style néoroman, a été réalisée par le Rennais Charles Goupil et décorée par Jobbé-Duval en 1876.
 ?? ?? La Vierge à l’enfant, dans la basilique Notre-Damede-BonneNouve­lle, peinture sur bois du xve siècle.
La Vierge à l’enfant, dans la basilique Notre-Damede-BonneNouve­lle, peinture sur bois du xve siècle.

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