AMY BENADIBA
Trois questions à Amy Benadiba, conservatrice du patrimoine, en charge de la Direction scientifique et culturelle à ARC-Nucléart, qui nous éclaire sur le travail exécuté sur la momie de Ramsès II grâce au rayonnement gamma.
Comment fait-on voyager une momie aussi ancienne que celle de Ramsès II ?
Pour la momie de Ramsès II comme pour la plupart des oeuvres, toutes les précautions sont prises pour qu’elles ne soient pas abîmées durant le transport. Cela peut prendre des années pour en organiser l’acheminement, les personnes qui en ont la charge sont des spécialistes, du pilote aux transporteurs. Tous sont aptes à manipuler ces momies ou oeuvres sans altérer leur enveloppe.
Comment doit-on les manipuler ? Quel est le protocole ?
Il faut les manipuler le moins possible. Lorsque Ramsès II est arrivé au Muséum, l’une des premières épreuves a été de transposer la momie sur une plaque de Plexiglas sans la toucher. Nous devions déterminer tous les éléments qui la dégradaient et doser le traitement au rayonnement gamma sans l’abîmer. Ce rayonnement lumineux est composé d’une énergie nucléaire non radioactive mais létale pour une grande partie des organismes. Ramsès II a dû être irradié durant 12h40 et a été retourné à mi-radiation pour que la dose soit la même de chaque côté. Il fallait le retourner sans altérer les matières organiques, les bandelettes ni même les dents.
À titre personnel, que ressent-on en travaillant pour ces oeuvres qui ont parcouru les siècles ?
C’est très plaisant, mais cette mission qui nous anime est consacrée au public. Nous travaillons avec une vocation de transmission et de conservation d’un patrimoine commun à tous. Nous souhaitons étudier les oeuvres et les rendre telles qu’on les a reçues, afin que tous puissent ressentir ce sentiment de petitesse face aux années qui nous séparent de ces oeuvres.