LENOUVEAU MUSÉE de l’Immigration
Esclavage, la part de la Normandie
En juin 2023, c’est une exposition toute neuve qui a ouvert ses portes au Palais de la Porte-Dorée, à Paris.
Afin de s’adapter à l’évolution qu’ont connue ses collections au fil des ans, mais aussi aux avancées récentes de la recherche historique et scientifique, le parcours permanent du musée national de l’Histoire de l’immigration a été presque entièrement renouvelé et agrandi. Privilégiant une approche thématique, il s’articule autour de 11 repères chronologiques, de la fin du xviie siècle à nos jours. 1685, date de l’adoption du Code noir et de la révocation de l’édit de Nantes qui entraînèrent migration forcée des esclaves et exil des protestants; 1789, qui vit les Français fuir la Révolution; ou 1848, quand la Seconde République encourageait l’émigration vers l’Algérie récemment colonisée… L’Histoire se poursuit au fil des conflits du xxe siècle et jusqu’à la création de l’Union européenne. Les mouvements de population vers la France ou hors de ses frontières, dictés ainsi depuis des siècles par des enjeux économiques, politiques ou religieux, ont peu à peu façonné le pays. Les migrants ont pris selon les âges de multiples visages, dont sont brossés les portraits grâce à des documents d’archives, objets personnels, témoignages et même des oeuvres d’art contemporain. Une salle de projection de films artistiques ou documentaires, des bornes interactives, un parcours dédié aux enfants… tout est fait pour intéresser le plus large public aux enjeux historiques de l’immigration.
Quel rôle a joué la Normandie dans la traite atlantique entre sa légalisation sous Louis XIII, en 1642, et l’abolition définitive de l’esclavage en France en 1848 ?
C’est la question à laquelle s’efforce de répondre l’ambitieuse exposition Esclavage, mémoires normandes, en dressant un état des lieux de la recherche sur le sujet. L’événement vaut le détour non seulement pour son thème, central et encore peu abordé, mais aussi pour sa configuration originale sur trois sites différents de la région, au Havre, à Honfleur et à Rouen.
L’exposition présentée au Havre
revient ainsi sur les premières explorations européennes, les motivations économiques et la mise en place du commerce triangulaire, et se penche tout particulièrement sur le parcours, les conditions de vie et le processus de déshumanisation des esclaves.
Au musée Eugène-Boudin de Honfleur,
on découvre plus particulièrement les dangers des voyages en mer pour les marins et les captifs, et les itinéraires qu’empruntaient les navires normands en direction des côtes africaines, puis jusqu’aux plantations des Antilles où les esclaves étaient débarqués, avant que les bateaux ne repartent chargés de marchandises vers la France.
L’essor économique et industriel engendré en Normandie par l’importation de ces nouvelles matières premières
(tabac, coton, cacao, sucre…) est quant à lui étudié au musée industriel de la Corderie Vallois, près de Rouen.
Fortunes et servitudes, à l’Hôtel Dubocage de Bléville, au Havre, 5 €, jusqu’au 10 novembre 2023.
D’une terre à l’autre, au musée Eugène-Boudin à Honfleur, 8 €, jusqu’au 10 novembre 2023.
L’envers d’une prospérité, musée industriel de la Corderie Vallois, Notre-Dame-de-Bondeville, proche de Rouen, 4 €, jusqu’au 17 septembre 2023.