La guerre des roses
Écrivain et journaliste, Philippe Séguy est bien connu des fidèles de l’émission de Stéphane Bern,
« Secrets d’Histoire », notamment pour ses talents de conteur. Un goût pour raconter des histoires qu’il déploie dans une oeuvre littéraire aussi éclectique qu’originale. Aussi, si par le passé, dans des biographies ou des romans, il nous emmenait auprès de l’impératrice Joséphine, de Jeanne d’Arc, du comte de Cagliostro ou de Guillaume le Conquérant (Et passe le souffle des dieux. Ainsi était l’an mil est un roman à énigme palpitant), son nouvel ouvrage retrace l’aventure de l’arrivée en France de la rose en 1240.
Gatien de Mortery revient de Terre sainte où il a combattu sous les ordres de Thibaut, comte de Champagne.
À ses côtés, une femme, Morjiane, et une fleur, la rose de Damas dont la splendeur et les senteurs sont encore inconnues en France. Dans cette période charnière, où la géopolitique ouvre de nouvelles voies d’échanges, culturelles et économiques, le comte veut que les terres du Châtel s’ensemencent de cette fleur « de reine pour une reine », offrande destinée à Blanche de Castille, mère de Louis IX. Morjiane El Saadawi, la rose de Gatien, offre à la Champagne la précieuse fleur « prête à enchanter le monde ». Mais la belle, musulmane née à Homs, va vite déclencher l’ire de l’Église. De pareilles merveilles de la nature ne pouvaient qu’être réservées à la sainte Vierge, à l’Église du Christ… Les sentiments amoureux, les passions tumultueuses, les vertus et les vices des mortels, les tourments de l’âme… voilà ce qui enflamme l’écriture puissante, souvent exaltée, de Philippe Séguy. Sur des sources historiques remarquablement documentées, le romancier nous embarque dans une aventure où le merveilleux le dispute à l’horreur, où la beauté côtoie les bassesses dont l’homme est capable au nom de Dieu ou pour sa gloire personnelle. Quant au style de l’auteur, inimitable, il est axé sur le rythme, une écriture qui se coule dans le lit du temps. Le tout est magnifié par les illustrations de Laurent Gapaillard qui, dans un style rappelant celui des manuscrits enluminés du xiiie siècle, ponctuent et enrichissent la narration.