TUER LE PÈRE et devenir roi, enfin !
Avec la mort de son frère aîné Henri le Jeune, Richard est débarrassé d’un rival qui oeuvrait depuis des années à l’évincer et à saper son autorité jusque dans son propre duché d’Aquitaine. Désormais, semble se mettre en travers de sa route un autre frère… préféré en apparence par son père.
Comme le souligne George Minois, la disparition d’Henri le Jeune, qui avait été couronné (deux fois) roi d’Angleterre, a le mérite de clarifier la situation : Henri II est à nouveau le seul roi d’Angleterre. Si son fils Geoffroy, qui s’est discrédité lors de ses révoltes précédentes, disparaît de l’échiquier, c’est son frère cadet, Jean, qui semble menacer les ambitions de Richard. Et la complaisance d’Henri II à entretenir le doute va encore aggraver leur relation.
Richard se révolte à nouveau Henri II demande à Richard de céder l’Aquitaine à son frère Jean en 1183. Richard fait mine d’y réfléchir quelques jours mais
en profite pour retourner dans ses terres et refuse. Il est hors de question de renoncer à l’Aquitaine à laquelle il est attaché et où il jouit d’une certaine indépendance et qu’il peut relativement gouverner. Henri II s’emporte, il tente même d’envoyer une armée pour ramener son fils Richard à de meilleurs sentiments. Ses frères Jean et Geoffroy s’allient pour mener quelques incursions en Poitou, Richard fait de même en Bretagne. Henri II tente de réconcilier tous ses fils et les convoque en Angleterre au Noël 1184. Chacun promet de revenir à de meilleurs sentiments, mais dès leur retour dans leurs fiefs respectifs, ils reprennent leur harcèlement. Le mariage de Richard devient un autre sujet de discussion; Philippe Auguste
presse Henri II, qui a accueilli à sa cour depuis de longues années Alix, la fiancée de Richard, de faire enfin célébrer le mariage. Il est même envisagé que ce soit Jean qui l’épouse. Mais rien ne bouge. Henri II décide alors de sortir un autre atout de sa manche, la reine, la mère bienaimée de Richard, Aliénor. En 1185, il ordonne à son fils rebelle de restituer son héritage à sa mère, qui est la duchesse d’Aquitaine de plein droit. Richard s’exécute, autant par amour pour sa mère, que parce que cette solution lui convient également. Comme le souligne Georges Minois, si Aliénor tient l’Aquitaine, c’est qu’elle ne sera pas accordée à Jean.
Le jeu des trônes
Les pourparlers entre Henri II et Philippe Auguste ont convaincu Geoffroy que
Richard l’a supplanté. Il va chercher du soutien à la cour du roi de France qui, lui, manoeuvre en profitant des rivalités du clan Plantagenêt. Si d’aventure il devenait roi d’Angleterre, Geoffroy serait un pion bien plus facile à manipuler que le bouillonnant Richard. Mais il meurt en tournoi à Paris en août 1186. Les tentatives de négociations sur l’avenir de la Bretagne échouent entre le Capétien et les Plantagenêt et la guerre manque de reprendre. Une trêve est conclue, mais Richard suit Philippe Auguste à Paris, gagné par les soupçons qu’instille celuici dans son esprit au sujet des intentions d’Henri II. Ce dernier s’alarme de leur amitié. La nouvelle de la prise de Jérusalem et