Secrets d'Histoire

Louis XVI, victime du rasoir national

- Par Rafael Pic

Le 21 janvier 1793, la Révolution française atteint un sommet. Le « citoyen Capet » passe sous la guillotine et son corps est jeté dans la fosse commune. La monarchie de droit divin en reçoit un coup fatal mais le roi supplicié y gagne une notoriété universell­e.

Dans un texte récent consacré à Louis XVI, Patrice Gueniffey écrit fort justement : « On ne sait trop de quand dater ses derniers jours ». En effet, du 14 juillet 1789 au 21 janvier 1793, où sa tête roule dans le panier du bourreau, plusieurs étapes ont graduellem­ent marqué la descente aux enfers du roi. À chaque fois, il montre une grande placidité face aux épreuves, donnant l’impression qu’il sait la partie perdue d’avance. Déjà, lorsqu’il se rend à Paris le 15 juillet 1789 alors que, la veille, les émeutiers ont pris la Bastille et découpé en morceaux le gouverneur Bernard Jordan de Launay, il pressent que son avenir est sombre. Aussi, avant de monter dans son carrosse, il communie. Puis il confie à son frère, le comte de Provence, futur Louis XVIII, une partie de son pouvoir et le nomme lieutenant général du royaume. Comme s’il ne devait plus revoir Versailles. Il reviendra pourtant mais pas pour longtemps. C’est là que le 5 octobre, les dames de la halle, parties de l’Hôtel de Ville, viennent le trouver pour se plaindre de la pénurie de pain. Marie-Antoinette a-t-elle répliqué : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche » ? Pas sûr… Il n’empêche, la méfiance entre la famille royale et la population est palpable. La foule crie : « Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». Pour ces derniers, une nouvelle vie commence aux Tuileries.

Il n’échappe pas à son destin

Paris est une ville à peu près inconnue pour Louis XVI. Il ne s’y est rendu que rarement. D’ailleurs, le roi n’aime guère voyager : toute sa vie, sa plus lointaine expédition l’a mené… à Cherbourg. D’abord assez cordial, son traitement se durcit. En 1790, il peut encore s’évader au château de Saint-Cloud. Mais, dès 1791, cela ne le lui est plus permis. Comble de la déchéance, il est même contraint à la communion avec un prêtre assermenté. Autant fuir ! On tente de lui faire quitter la capitale

Depuis la prise de la Bastille, le roi montre une grande placidité face aux épreuves, donnant l’impression qu’il sait la partie perdue d’avance.

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Portrait de Bertrand Barère de Vieuzac (1794), de Jean-Louis Laneuville ; Kunsthalle à Brême (Allemagne). Le député de la Convention, pose la main appuyée sur le jugement qui a condamné à mort Louis XVI.

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