Saint Louis, typhus à Tunis
C’est la croisade de trop. Pour Louis IX, la huitième expédition vers les lieux saints s’achève le 25 août 1270 à Tunis. Une mort glorieuse, en mission extérieure, qui a forgé la dimension chrétienne du roi. Mais qui a posé un problème de logistique : comment rapatrier ses restes ? Par Rafael Pic
Quarante-quatre années de règne, voilà une performance ! Surtout pour un roi si malingre. Lors de son couronnement en 1226, au tendre âge de 12 ans, on le disait condamné à brève échéance et on préparait presque son enterrement. Près de cinquante ans plus tard, en ce cuisant été tunisien, Louis IX peut, certes, se retourner avec satisfaction sur le chemin accompli mais il est au plus mal. Il est alité, suant, fiévreux, en proie aux coliques. Pourquoi se trouve-til dans la fournaise de Carthage, plutôt qu’à l’ombre de son chêne, dans le parc du château de Vincennes ? Parce qu’il a voulu, une fois encore, mener les chevaliers chrétiens à l’assaut de la Terre sainte accaparée par les infidèles. C’est son obsession depuis qu’en 1244, gravement maladie, il avait promis de se croiser s’il survivait. Promesse tenue : ce fut la septième croisade, qui l’a tenu éloigné de France pendant six années (1248-1254) ! Fait prisonnier peu après son arrivée, il s’en était sorti grâce à une rançon versée aux musulmans.
Un port de souffrances
Louis IX n’avait regagné le royaume que forcé par la mort de sa mère et régente, Blanche de Castille. Quinze ans plus tard, voilà qu’il récidive ! Il est pourtant vieillissant, diminué – il souffre notamment d’une maladie chronique, peutêtre d’origine paludéenne, qui fait devenir sa jambe droite, de la cheville au mollet, « rouge comme sang », dira quelques années plus tard son biographe, Guillaume de Saint-Pathus. Cette huitième croisade, qu’il a annoncée