Les Milandes, un rêve brisé
Joséphine Baker engloutit sa fortune dans la création et l’entretien du village qu’elle a voulu autour du château des Milandes. Dès lors, son rêve est en sursis. Malgré un travail acharné et de multiples soutiens, elle en est chassée.
Aux Milandes, alors que Joséphine est à Paris ou à l’autre bout du monde, Jo Bouillon gère le domaine et les travaux. Une guinguette, un hôtel… tout un village surgit de terre, attirant les visiteurs accueillis par le panneau : « Bienvenue aux Milandes, village du monde, capitale de la fraternité universelle. » Mais découragé par l’ampleur de la tâche et la légèreté de Joséphine qui refuse toute solution financière pour sauver le domaine, Jo finit par partir, tout en restant présent pour leurs douze enfants.
Village du monde et de la fraternité Le 1er juin 1964, Joséphine convoque les journalistes pour révéler la situation critique des Milandes et appeler à l’aide pour sauver son projet.
Brigitte Bardot, émue, annonce qu’elle fait un don d’un million de centimes à la « maman du monde », déclenchant une vague de solidarité. Joséphine peut souffler un temps. Elle veut faire des Milandes un « collège de la fraternité mondiale » car l’enseignement, selon elle, est le meilleur moyen de faire évoluer les esprits. Mais les huissiers sont à nouveau là et finissent par l’expulser. La photo de Joséphine, âgée, en chemise de nuit, sur son perron, fait le tour du monde… Le domaine, morcelé, est bradé. Joséphine a le sentiment d’avoir été spoliée et ne cessera de se battre pour récupérer son bien.
Le déménagement à Roquebrune Des proches accueillent Joséphine et ses enfants. Avec le soutien de relations, elle remonte sur scène.
On lui propose alors de se produire au prestigieux gala de la Croix-Rouge qu’organise la principauté de Monaco. La princesse Grace met discrètement à sa disposition une villa à Roquebrune. Joséphine y renaît. Le 24 mars 1975, elle inaugure la rétrospective Joséphine à Bobino, dans la capitale. Le Tout-Paris est là. Après sa quatorzième représentation, elle rentre chez elle, s’endort, bercée sans doute par l’écho des applaudissements. On la découvre inanimée le lendemain, le 10 avril. Elle est transférée dans le coma à la Pitié-Salpêtrière, où elle meurt le 12 avril. Après qu’elle a reçu les honneurs militaires, plusieurs centaines de milliers de Parisiens se pressent sur le parcours du convoi funéraire pour rendre hommage à l’artiste mais surtout à la résistante.