« Ma mère voulait rendre à la France ce qu’elle lui avait offert »
INTERVIEW Jean-Claude BouillonBaker, fils adoptif de Joséphine Baker (ici en 1962) et auteur d’Un château sur la Lune, le rêve brisé de Joséphine Baker, éd. Hors Collection. Comment décririez-vous votre mère ?
Elle avait une énergie phénoménale et vivait à 300 à l’heure. Elle avait une formidable capacité à renaître et à ne pas céder à la mélancolie du passé, même après avoir perdu les Milandes. Elle était extraordinairement généreuse et mettait à égalité tous les êtres, humains et animaux. Elle était portée par un élan mystique à l’état sauvage. C’était un être solaire.
Son engagement dans la Résistance a-t-il été un déclic ?
Ma mère voulait rendre à la France ce qu’elle lui avait offert. Elle ressentait une immense gratitude. La guerre la transforme, elle devient militante lorsqu’elle réalise que l’armée américaine n’accepte pas les soldats noirs à ses spectacles. Elle se bat contre cela et milite pour leurs droits après la guerre. L’Amérique qu’elle a quittée lui revient comme un boomerang : rien n’a changé.
La fraternité universelle dont elle rêve, elle la réalise déjà avec vous et vos frères et soeurs…
Elle adopte douze enfants, venus des quatre coins du monde. Elle ne croyait pas aux liens du sang et a réussi à nous souder en prenant soin de nous choyer petits, nous qui étions tous orphelins ou abandonnés. Elle nous a élevés sans gommer nos différences culturelles mais en nous encourageant à découvrir nos racines. Nous sommes aujourd’hui encore très soudés.