Secrets d'Histoire

Gérard Sabatier : « La musique a été présente toute la nuit »

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L’historien Gérard Sabatier est spécialist­e des rituels monarchiqu­es. Il a été l’un des commissair­es de l’exposition Le roi est mort, présentée au château de Versailles, en 2015-2016. Le catalogue est paru aux éditions Tallandier/Château De Versailles (335 pages, 44 €).

Pourquoi la procession funéraire a-t-elle eu lieu la nuit ?

Cela a été interprété à tort par certains historiens républicai­ns comme une volonté de soustraire le corps du roi à la vindicte populaire. En réalité, au cours du xviie siècle, il y a eu plusieurs cérémonies nocturnes. Hypothèses envisagées : le souhait d’imiter la manière espagnole, où ce type de procession était habituelle, les flambeaux donnant un aspect spectacula­ire ; le fait que beaucoup de funéraille­s se sont tenues pendant la saison chaude, ainsi celles d’Henri IV (30 juin), de Louis XIII (19 mai), de MarieThérè­se (10 août) ; enfin, la puissance symbolique d’une arrivée à Saint-Denis, lieu de la future résurrecti­on, au lever du jour.

Qui composait le cortège ?

C’est un autre argument contre la théorie de funéraille­s escamotées car il n’était pas discret avec ses 2 500 personnes environ, en plus de la foule qui suivait à distance. Jusqu’à Louis XIII, le convoi était plus important encore puisqu’il traversait tout Paris, de la même façon qu’une entrée royale. Toute la population, pauvres et riches, corps de métier et religieux, défilait à côté du roi. Celui-ci était représenté par son corps dans le cercueil, bien sûr, mais aussi par son effigie – un mannequin habillé et porté à hauteur d’épaule sous un dais –, entourée d’officiers.

La marche fut-elle silencieus­e ?

Non. La musique a été présente du départ de Versailles vers 17 heures, jusqu’à l’arrivée à Saint-Denis à 7 heures du matin, dans un parcours à travers le bois de Boulogne et la plaine Saint-Denis (quatre relais de flambeaux avaient été prévus). Elle était jouée par l’Écurie et la Chambre du roi : tambours, trompettes, cors, bassons et musettes, qui accompagna­ient d’habitude la chasse et les cérémonies équestres. Il y eut aussi d’interminab­les et lugubres battements de tambours voilés de crêpe noir.

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