Henri II et Catherine de Médicis, un marché de dupes ?
Fille de banquiers, Catherine de Médicis n’a pas de sang noble et sa naissance est très inférieure à celle d’un roi de France.
L’union de son cadet avec l’héritière florentine avait tout d’une belle opération pour François Ier. Hélas, la mort du pape Clément VII puis celle du Dauphin ont ruiné tous ses projets. Le mariage du futur Henri II et de Catherine a-t-il été inutile ?
Catherine de Médicis et Henri d’Orléans se rencontrent pour la première fois le jour de leur mariage, le 28 octobre 1533. Ils ont le même âge, 14 ans, et ont connu des destins parallèles. Fille de Laurent II de Médicis et de Madeleine de la Tour d’Auvergne (une union arrangée par François Ier pour gagner le soutien du pape Léon X), Catherine perd ses parents quelques jours après sa naissance. Devenue unique héritière du clan Médicis, elle est protégée par Léon X et par son successeur Clément VII. Comme Catherine, Henri grandit loin de l’affection de ses parents, une disposition destinée à le prévenir des épidémies et à le protéger des complots mais qui crée un fossé avec les siens.
Des destins parallèles
Les échecs de François Ier, tant à l’élection impériale en 1519 que sur les champs de bataille face à Charles Quint, ont fragilisé ses prétentions italiennes, notamment sur le Milanais. Ils ont aussi affaibli son allié papal, qui combat l’influence du roi d’Espagne en Italie. En 1523, c’est Clément VII qui devient pape : le mariage de Catherine, sa filleule, avec un seigneur français voire avec le fils cadet du roi, est de nouveau à l’ordre du jour. Les enfants ont alors 5 ans et leur destin va basculer. Capturé après la défaite
de Pavie, François Ier est libéré en échange de ses fils, François et Henri. La détention de ces derniers, dans de rudes conditions, dure quatre années. Dans le même temps, la richissime héritière Médicis est faite prisonnière au cours de la révolte de Florence. Catherine et Henri seront libérés, à un mois d’écart, en 1530.
Henri n’a pas la prestance de son père François Ier. Il est, en outre, taciturne et réservé.
Une union longuement négociée
Comme l’a souligné l’historien Didier Le Fur, Catherine de Médicis n’est pas un parti si intéressant au premier abord. Fille de banquiers, elle n’a pas de sang noble et sa naissance est très inférieure à celle d’un roi de France. Henri d’Orléans, toutefois, n’est qu’un fils cadet, il n’est pas destiné à régner. Et les droits territoriaux de la jeune fille en France (par sa mère) et en Italie (par son père), l’appui de son tuteur, le pape Clément VII, dans les guerres d’Italie, sa dot considérable (100 000 écus d’or et 28 000 en bijoux), font d’elle au final un parti recherché. Les négociations vont durer près de neuf années. Dès 1527, les portraits des fiancés ont circulé par l’intermédiaire des ambassadeurs. Catherine n’est pas très jolie mais elle est cultivée et a de l’esprit ; Henri n’a pas la prestance ni la stature de son père et il est taciturne et réservé. Leur mariage, qui est repoussé jusqu’à ce qu’ils soient nubiles, est célébré à Marseille, en présence du pape, de François Ier et de la Cour. Il est aussitôt consommé et leur première étreinte, comme le note Didier Le Fur, est publique.
Des relations mystérieuses
La mort de Clément VII en 1534 puis celle du Dauphin en 1536 ruinent les projets de François Ier. Il se serait lamenté : « J’ai eu la fille toute nue. » En réalité, cette union reste intéressante. Les jeunes gens apprennent à se connaître et forment un couple uni. La nature de leurs relations, cependant, reste un mystère : la correspondance de l’époque, susceptible d’être volée ou perdue, ne laisse aucune place à l’intime. On sait qu’Henri II est infidèle avec Diane de Poitiers mais la liaison est discrète. Catherine remplit enfin son devoir premier : enfanter. Le mariage royal, resté stérile pendant dix années, porte ses fruits en 1544 avec la naissance d’un héritier, François. Catherine donne naissance à dix enfants, dont sept survivront.