Chef de guerre, il sauve le monde libre
« Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes, annonce le nouveau Premier Ministre. Lequel insiste : Nous avons devant nous de nombreux et longs mois de combats et de souffrances… » Galvanisée, l’Angleterre résistera au
Quand Winston Churchill est nommé Premier Ministre en mai 1940, l’armée anglaise est prise comme dans une nasse à Dunkerque. De son voyage éclair en France, le chef du gouvernement a conclu à la déliquescence de l’armée française. L’évacuation des troupes est d’autant plus capitale qu’elles sont les seules à même de protéger le territoire britannique. Or, les installations portuaires de Dunkerque sont inutilisables et, au large des plages où les soldats se sont massés, les fonds marins sont faibles. De qui vient l’idée ? Du Premier Ministre ou de l’amiral Ramsay, commandant des forces navales sur place ? Le fait est que, suite à un appel sur les ondes de la BBC, des dizaines de petits bateaux — de pêche, de plaisance, de services… — se présentent pour assurer des liaisons entre la plage et les gros navires au large. Ainsi, entre le 20 mai et 3 juin, 350 000 hommes traversent la Manche. L’opération, baptisée « Dynamo » parce qu’organisée dans une salle de groupes électrogènes, va sauver l’Angleterre. La vérité historique oblige à rappeler qu’elle a été possible grâce au sacrifice des troupes françaises qui ont protégé la plage.
Le tournant de la guerre
En juin 1940, l’idée de négocier la paix n’est plus d’actualité côté anglais. Il n’en va pas de même pour Adolf Hitler, dont le vrai but est l’invasion de l’URSS. Ce dernier repousse l’attaque des îles britanniques à la mi-juillet, le temps de vérifier avec certitude qu’aucun accord n’est envisageable avec Winston Churchill. Avant de tenter un débarquement, l’état-major allemand veut clouer au sol l’aviation anglaise. Cette fois, la supériorité technologique britannique s’impose. Le chasseur Spitfire est supérieur au Messerschmitt Bf 109, tandis que les bombardiers allemands sont mal défendus et manquent d’autonomie. De plus, le littoral est ceinturé par un réseau de stations d’écoute qui détectent les attaques assez tôt pour coordonner une défense efficace. En revanche, les escadrilles allemandes qui se succèdent jour
après jour, malgré les pertes, semblent inépuisables. Surtout, le 7 septembre 1940, la bataille d’Angleterre marque un tournant lorsqu’un bombardement massif sur Londres fait 500 morts et un millier de blessés. Coventry, Manchester, Liverpool, Birmingham… seront les cibles suivantes du Blitz, pilonnage systématique des villes et des centres industriels.
Le soutien royal
Winston Churchill avait conclu son premier discours aux Communes par: « Nous ne nous rendrons jamais. » À Londres, pour partager la douleur des victimes, il sillonne les quartiers dévastés, dans une voiture découverte ou à pied, toujours en compagnie de son épouse. De son côté, George VI, après s’être méfié du Premier Ministre que le contexte politique lui avait imposé, se déclare support inconditionnel de sa fermeté. Le roi aussi reste à Londres, partageant les bombardements avec son peuple. Au mois de mai 1941, l’aviation allemande renonce. La bataille d’Angleterre est gagnée et, devant les Communes, Churchill salue les aviateurs alliés : « Jamais dans l’Histoire, un si petit nombre d’hommes n’a tenu entre ses mains le destin d’un aussi grand nombre. »
Le pragmatisme sur tous les fronts
Du Bliztkrieg, Adolf Hitler retient que l’Angleterre est invincible mais aussi qu’elle n’a pas les moyens de prendre l’offensive. Le 22 juin 1941, il attaque l’URSS, pour tenter d’arracher « l’espace vital » nécessaire à l’Allemagne. L’action de Winston Churchill change alors de dimension. L’urgence est, selon lui, de maintenir les communications avec l’Asie et les Indes. Il envoie des troupes en Afrique du Nord et au MoyenOrient. Diplomate, il sait que le salut viendra de l’Amérique : il noue un lien étroit avec Franklin Roosevelt. Il mesure aussi l’importance de l’Empire colonial français. Certes, il fait détruire la flotte française embossée à Mers El-Kébir, pour qu’elle ne tombe pas aux mains ennemies. Mais il tisse un lien solide avec le général de Gaulle et, à la Libération, il préservera les intérêts de la France Libre. Enfin, pragmatique, il met de côté sa haine du communisme, pour soutenir l’URSS. Telle est la face visible de l’oeuvre accomplie par Churchill entre 1940 et 1945. S’y ajoutent des actions plus discrètes. Il réunit des mathématiciens pour décoder les messages ennemis : la connaissance des ordres de l’état-major de la Kriegsmarine à ses sous-marins sera prépondérante dans la bataille de l’Atlantique. Et surtout, sans tarder, il attaque l’armée allemande sur les territoires occupés : le Special Operations Executive appuie les maquis, les réseaux de résistance et de renseignements qui se créent en Europe. Dès 1940, le Vieux Lion préparait la Libération.