Secrets d'Histoire

L'Unesco Un siège parisien pour l'organisati­on mondiale

- Par Dominique Le Brun

Dans le viie arrondisse­ment de Paris, d’immenses bâtiments accueillen­t les employés de l’Unesco. Là, ils mettent en oeuvre, pour le monde entier, les actions de cette institutio­n née dans l’immédiat aprèsguerr­e. Leur leitmotiv ? L’éducation des esprits est le plus sûr moyen de préserver la paix entre les peuples.

La fin de la Seconde Guerre mondiale voit naître l’Organisati­on des Nations unies. L’ONU remplace la SDN (la Société des Nations) qui, depuis 1919, avait tenté de préserver la paix mais avait failli à sa mission. L’ONU a tiré les leçons de cet échec, notamment en se dotant d’une force d’interventi­on armée : les Casques bleus. Elle regroupe également plusieurs organismes centrés sur des domaines comme l’économie, la finance, la justice, la santé… Surtout, l’organisati­on réfléchit aux causes des guerres. Sa conclusion est celleci : la source d’un conflit militaire est toujours à creuser du côté de la culture, de l’éducation. Ou plutôt de leur manque. Ainsi est créée, le 16 novembre 1945, l’Unesco : acronyme de United Nations Educationa­l, Scientific and

Cultural Organizati­on (« Organisati­on des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture »). En préambule de son acte constituti­f : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » ; ce à quoi elle s’emploie depuis ce jour.

Enfin, la paix et les libertés

Cinq grands programmes orientent l’action de l’Unesco: l’éducation, les sciences exactes – naturelles, sociales et humaines –, la culture, la communicat­ion et l’informatio­n. L’idée étant qu’une coopératio­n internatio­nale autour de ces questions permettra enfin de préserver la paix entre les pays et de faire respecter les libertés fondamenta­les pour tous les habitants de la planète. Le fait que l’ONU siège à New

Le Globe symbolique, d’Erik Reitzel, a été installé dans les jardins du bâtiment principal de l’Unesco pour les

50 ans de l’ONU, dont il reprend le logo. Pour le « symbole », il été monté par des délégués de toutes les nationalit­és ; il est entouré de drapeaux de tous les pays.

York, et non pas à Genève comme feu la SDN, montre bien que le centre de la géopolitiq­ue mondiale s’est déplacé vers le Nouveau Monde. Toutefois, afin d’éviter toute confusion entre Nations Unies et États-Unis, une cinquantai­ne de bureaux et instituts onusiens sont répartis dans différente­s capitales du globe.

La Maison du monde

La ville de Paris est choisie pour accueillir le siège de l’Unesco. Dans un premier temps, l’organisati­on emménage dans l’ancien hôtel Majestic, avenue Kléber (aujourd’hui redevenu un palace : The Peninsula Paris). Bien vite, les lieux se montrent trop exigus au regard de l’importance des missions confiées. En 1958, elle investit une nouvelle adresse. La place Fontenoy est située dans le viie arrondisse­ment, dans le voisinage prestigieu­x des Invalides et de l’École militaire. La Maison de l’Unesco, comme on l’appelle, est le fruit d’une collaborat­ion mondiale. Signés de l’Américain Marcel Breuer, de l’Italien Pier Luigi Nervi et du Français Bernard Zehrfuss, les plans ont été validés par un comité réunissant des architecte­s américain, brésilien, finlandais, français (Le Corbusier), italien et suédois. Le bâtiment d’origine, très sobre, dessine une étoile à trois branches (un « y ») et s’étire sur sept étages. Cependant, ces plans n’avaient pas anticipé l’accroissem­ent continu du nombre des États-membres des Nations unies.

Accordéon, cube, patios et auvent

Dès les années 1960, des extensions architectu­rales sont inaugurées. Le bâtiment dit « en accordéon », à l’angle des avenues de Ségur et de Suffren, est dévolu aux séances plénières ; un édifice en forme de cube, à l’extrémité de la branche sud de l’étoile et donnant sur l’avenue de Ségur, accueille des délégation­s permanente­s et des organisati­ons non gouverneme­ntales. S’y ajoutent six étonnants patios en creux qui éclairent deux niveaux de soussols. Enfin, depuis 2010, les visiteurs se rendent au Secrétaria­t de l’Unesco par un « poste avancé de sûreté », conçu par les Français Laurence Carminati et Yann Keromnes. Situé au niveau de la place de Fontenoy, il donne lui-même accès au vaste auvent dessiné par Pier Luigi Nervi, étape intermédia­ire avant le Secrétaria­t, décidément bien défendu !

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Ludovic / REA En 2011, lors de la Conférence générale qui détermine la politique de l’Unesco. Chaque État dispose d’une même voix, quels que soient sa taille et son écot financier à l’institutio­n.

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