François II, Charles IX, Henri III, ou la malédiction du talion
À sa mort, le roi Henri II laisse plusieurs fils et sa succession semble donc assurée. Pourtant, comme pour les derniers Capétiens directs, la dynastie des Valois va s’éteindre avec le règne de trois frères, au coeur des guerres de Religion. Leurs disparitions successives, souvent dramatiques, vont être utilisées et interprétées par la propagande de chaque camp pour mieux servir leur idéologie ; paradoxalement, ils parviennent à la même conclusion : Henri III, dernier roi des Valois, devait disparaître.
François II a 15 ans lorsqu’il succède à son père, le roi Henri II. Il est alors marié à Marie Stuart. Jeune homme plutôt faible et influençable, il préfère confier le pouvoir aux oncles de son épouse, le duc François de Guise et le cardinal Charles de Lorraine, qui poursuivent la politique antiprotestante d’Henri II ; ce sont eux qui font exécuter Anne du Bourg en décembre 1559, prémisce des guerres de Religion. Très impopulaires, les Guise sont la cible d’une tentative de complot. La conjuration d’Amboise,
menée par des gentilshommes protestants pour s’en débarrasser, est un échec. Conscient des tensions grandissantes, François II veut infléchir sa politique vers plus de tolérance religieuse. Trop tard, semble-t-il car, en province, des émeutes éclatent. C’est alors qu’il tombe malade, souffrant affreusement d’une oreille. Il meurt le 5 décembre 1560, sans descendance : il n’avait que 16 ans.
Charles IX, roi du massacre
François II est le deuxième roi qui disparaît en l’espace seulement de dix-huit mois. Dans la
propagande protestante, apparaît alors le motif de la loi du talion comme châtiment divin. Le nouveau roi, Charles IX, est âgé de 10 ans : il n’incarne pas moins les espoirs d’un royaume déchiré entre catholiques et protestants. La régence est confiée à sa mère Catherine de Médicis jusqu’en 1563, date de sa majorité (fixée à 14 ans). Celle-ci adopte une stratégie de conciliation qui aboutira, en 1570, à la Paix de Saint-Germain, « le compromis le plus ouvert qui ait jamais existé », selon l’historien Didier Le Fur. Toutefois, le retour sur la scène politique de l’amiral de Coligny, chef du parti protestant, qui a la confiance de Charles IX, et le mariage de la catholique Marguerite de Valois avec le protestant Henri de Navarre ravivent les tensions. Le 22 août 1572, l’attentat contre Coligny pousse le roi, vraisemblablement conseillé par sa mère, à éliminer tous les chefs huguenots réunis à Paris pour les noces de Marguerite et d’Henri. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, débute le massacre de la Saint-Barthélemy, qui va s’étendre à tout le pays. Charles IX perd évidemment la confiance des protestants. Sa mort de tuberculose, qui survient le 30 mai 1574 – il a 24 ans –, est perçue comme une délivrance et une punition divine. Quant aux catholiques, comme il l’avait fait pour son père Henri II, ils l’érigent en martyr : la Saint-Barthélemy a été une première étape salutaire pour purifier le royaume de l’hérésie protestante.
Henri III, un règne sous hautes tensions religieuses
Charles IX est le seul des fils d’Henri II et Catherine de Médicis à avoir eu un fils. Ce dernier, Charles d’Angoulême, est illégitime puisqu’il est né des amours du roi avec sa favorite, Marie Touchet. Ce n’est donc pas lui mais le frère cadet de Charles IX, Henri duc d’Anjou, qui accède au Trône. « Il doit composer avec trois partis : les Politiques ou Malcontents, menés par le dernier frère d’Henri, François d’Alençon, qui sont plutôt au centre et modérés ; les protestants ; et les catholiques qui se regroupent autour des Guise et de la Ligue », détaille Didier Le Fur. Les premières années, Henri III alterne conciliation et guerre contre les protestants. Cependant, la mort de François d’Alençon, en 1584, redistribue les cartes. En effet, le mariage d’amour que le roi a contracté avec Louise de Lorraine-Vaudémont ne lui a pas donné de fils et la disparition de son dernier frère le prive de successeur : le nouvel héritier serait Henri de Navarre. Cela ne doit pas rester en l’état car Henri de Navarre est protestant. Son accession au Trône est inenvisageable pour les catholiques. Le royaume, déjà très divisé, s’embrase à nouveau. Henri III est cri
Les catholiques érigent Charles IX en martyr : la Saint-Barthélemy a été une première étape salutaire pour purifier le royaume de l’hérésie protestante.
Charles IX perd évidemment la confiance des protestants. Sa mort de tuberculose, qui survient le 30 mai 1574 – il a 24 ans –, est perçue comme une délivrance et une punition divine.