Les dessous d'une oeuvre
L'Apothéose d'Henri IV et la proclamation de la régence de la reine, de Pierre Paul Rubens
Les dimensions de ce tableau (3,91 x 7,27 m) sont à la hauteur de la dignité de la scène représentée : l’accession au pouvoir de la reine Marie de Médicis à la mort de son époux, le roi Henri IV. Tableau central de la grande fresque consacrée par Rubens à la vie de Marie de Médicis, il occupait originellement tout le mur du fond de la galerie Médicis du palais de Luxembourg. La composition de cette scène est très travaillée, tandis que la célébration de la gloire de la reine s’appuie sur un riche symbolisme allégorique puisant dans les registres mythologique et antique.
En 1622, Marie de Médicis, épouse de feu Henri IV, commande au peintre anversois Pierre Paul Rubens un cycle pictural, véritable programme politique, exaltant les faits saillants de sa vie, afin d’orner les murs de son nouveau palais parisien du Luxembourg. Elle veut notamment que soit représenté « Le Roy ravy au ciel » par Jupiter et Saturne, et « La Régence de la Reyne ». Suite à une période de tensions et après un séjour exil intranquille au château de Blois (1617), elle souhaite, au moment où son fils Louis XIII lui offre une place au conseil, rappeler sur quelles bases se fonde sa légitimité à participer à la marche du royaume de France. Sur l’air de « le roi est mort, vive la reine », la toile de Rubens représente le passage de la Reine-Mère régnante (1600-1610) aux côtés de son époux à la reine régente aux côtés de Louis XIII. L’allégorie rubénienne offre à la reine une dimension inaccessible d’intercesseur entre l’humain et le divin.