Shades of Color (Version Francaise)
TOM BARTOWICZ
« » INTERVIEW
Pouvez-vous nous parler de votre carrière photographique et cinématographique ?
J’ai baigné dans l’univers du spectacle depuis mon plus jeune âge, et fait l’expérience de la scène alors que je n’étais encore qu’un enfant. Avec un père magicien forcément j’ai pris goût à manipuler les images.
Je commence ma carrière en tant que chorégraphe aérien et conseiller artistique sur différents projets pour le cinéma, la télévision et le spectacle. Mais ce n’est qu’un prétexte pour me rapprocher du monde artistique.
Très vite, je me forme à la réalisation, la scénarisation, et à la direction photo. Je fourmille de mille idées à la minute, mais lorsqu'on n’est pas connu, il n’y a personne pour donner vie à vos ambitions d’un coup de baguette magique. Rapidement je comprends que si je veux concrétiser mes idées, je vais devoir les réaliser moi-même.
Ce qui était un écueil au début de ma carrière, s’est transformé en force. Je retrousse mes manches, crée dans mon atelier parisien mes propres décors, et conçois des machineries sur-mesure pour des effets spéciaux. Plusieurs fois, j’essaie, je trébuche, je jette tout, même ma première websérie dans laquelle j’avais mis toutes mes économies, mais je ne lâche rien et remets mon coeur à l’ouvrage. Avec du recul je peux dire avec certitude que la polyvalence d’un autodidacte est un bien bel atout dans son jeu.
Je réalise alors mon premier court métrage « On récolte ce que l’on sème ». Titre prémonitoire, car il est primé au Festival de comédie de Liège et sélectionné au Festival de l’alpe d’huez. Ce qui m’ouvre les portes de prestigieuses agences créatives et sociétés de production. Alors que je jongle entre l’univers de la publicité et mes propres projets, une deuxième fiction remporte plusieurs prix, et m'emmène au short film corner du Festival de Cannes.
Ce parcours m’a fait évoluer entre l’art et la technique pour mon plus grand plaisir. Il m’a offert une double compétence : être à la fois un artiste créatif et un technicien expérimenté. Un passionné par l’image et la création au sens large . ’La pellicule’ qu'elle soit un support pour un film ou une photo me galvanise, car mon moteur est de créer.
Les enjeux ne sont pas les mêmes entre la photo et la réalisation, mais j’y retrouve des similitudes dans la mise en scène. Faire ressortir une émotion, raconter une histoire avec des non-dits, faire vivre le hors-champs, donner la réplique avec un regard… autant de choses que je travaille encore et encore pour capturer LA bonne intention.
Comment est né ce projet avec Sarah Abitbol ?
Elle souhaitait mettre en lumière et en images via son association : ‘La Voix de Sarah’, la thématique des violences sexuelles. Elle voulait l’illustrer par une exposition photos afin de poursuivre le travail de la libération de la parole qu’elle avait déjà initié avec la sortie de son livre. Elle connaissait mon parcours, et m’a demandé si j’étais intéressé pour créer une série de photos qui révéleraient ce que les victimes ont enduré. J’accorde une importance particulière aux messages véhiculés. Et celui-ci me révolte, car il ne devrait pas exister. Nous échangeons, nous nous comprenons, et rapidement Sarah me laisse carte blanche. Au départ, nous partons sur huit photos, mais la production se démène pour que nous puissions en créer une vingtaine.
Comment avez-vous travaillé la scénarisation de ces images ?
Après avoir échangé avec Sarah, je souhaitais également m’imprégner de son histoire retracée dans son livre : ‘Un si long silence’. Ressentir ses mots, tous ses maux, retenus dans un secret trop longtemps gardé. J’ai fait des recherches, et lu bon nombre de témoignages, au travers d'articles, et de documentaires. Dès lors que le message que je voulais faire passer a été clair, je me suis plongé dans la mise en scène. Sarah évoluant dans le monde du sport, le choix d’ancrer l’exposition dans ce cadre s’est imposé de manière naturelle.
Des heures de réflexions et de remises en question. Mille idées posées sur le papier pour ne garder que les plus explicites. Mais aussi, tester les futures photos par du visuel immédiat. J’ai une idée. Je cours à mon atelier. J’explose une vieille raquette de tennis et je tords du fil de fer pour tester la première version de la photographie “rêve brisé”. Quand j’imagine “le revers de la médaille” je veux créer une image qui propose une double lecture. Au premier abord, il s’agit d’une remise de trophées. Mais, quand on observe de plus près les deux récompenses, on découvre l’agression d’une victime. Sur le papier cette idée paraît simple à réaliser, mais dans la réalité, elle nous demande des heures de tests pour caler la meilleure perspective entre les personnages figés dans le métal. J’avais pour ambition de sensibiliser de manière subtile, d’ouvrir à des discussions tout en proposant une exposition visuellement agréable.
Correspondent-elles spécifiquement à l’histoire de Sarah ?
Toutes résonnent en écho à l’histoire de Sarah, mais je souhaitais élargir la palette des lieux sportifs pour représenter d’autres victimes impactées par les mêmes violences.
Ce qui explique le choix de plusieurs centres sportifs, avec des modèles filles et garçons de différents âges.
Comment s’est déroulée la post-production de ces images avec Julia Pomodoro ?
Je peux vous dire que si Julia me parle encore cela tient de l’ordre du miracle :)
La post-production s’est faite très rapidement. Nous avions une deadline à tenir afin d’être prêts pour la première exposition au Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, le 5 janvier 2023.
Julia a été très réactive. Elle nous a suivis dans cette aventure, faisant preuve d’une écoute et d’une patience incroyables. On a fait beaucoup d’allers-retours, car je suis pointilleux. Et en même temps, je lui ai donné beaucoup de liberté, pour qu’elle exprime tout son talent. C’est de notre synergie qu'a jailli le meilleur de chacun d’entre nous. Certaines photos demandaient un traitement spécial comme pour “Les requins ne sont pas que dans la mer”. Il fallait composer avec deux images pour qu’elle n’en fasse qu’une.
Certaines photographies flirtent avec l’irréel et possèdent une touche légère d’onirisme. Et Julia a su créer ce lien entre toutes les photos à travers la colorimétrie.
Avez-vous déterminé une humeur globale et une colorimétrie spécifique pour toutes les images de la série ?
Au moment du choix du stylisme et de la mise en scène nous avions déjà apporté une teinte et des intentions pour la composition du cadre. Aussi, la continuité avec la colorimétrie s’est faite naturellement.
Chaque image possède son propre style, son histoire et ses couleurs. Mais ces éléments s'harmonisent pour former une esthétique cohérente et captivante, où la beauté rencontre l'obscurité, le sublime côtoie le cruel. La colorimétrie joue un rôle majeur dans ce poème visuel. C’est pourquoi nous avons consacré beaucoup de temps à explorer l'esthétique de la lumière et des couleurs, à la recherche de la perfection pour chaque photo.
Y aura t’il une extension de ce projet dans le futur sous forme de film ou de livre ?
Je l’espère très sincèrement. Nous avons évoqué avec Sarah le fait d’enrichir la série de nouvelles photos, et à terme d’en faire un livre. Mais c’est encore prématuré pour vous le confirmer. Pour le moment, cette première série doit encore vivre par elle-même, voyager, afin qu’un grand nombre de personnes puisse la découvrir. Je vous remercie vivement de l’intérêt que vous avez porté à mon travail, et à cette cause via cette interview.
TOM BARTIWICZ BIOGRAPHIE
Réalisateur et photographe, Tom Bartowicz est un passionné de l’image et de la création au sens large.
Baigné dans l’univers du spectacle depuis son plus jeune âge, il fait l’expérience de la scène alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Il commence sa carrière en tant que chorégraphe aérien et conseiller artistique sur différents projets pour le cinéma, la télévision et le spectacle.
Évoluant entre l’art et la technique, il développe un sens artistique pointu et se passionne très vite pour l’écriture de scénario et la réalisation.
Pour rendre possible chaque idée qu’il imagine, il construit dans son atelier parisien ses propres décors et conçoit des machineries sur-mesure pour les effets spéciaux.
La force de cet autodidacte : une double compétence, être à la fois un artiste créatif et un technicien expérimenté. Son premier court métrage « On récolte ce que l’on sème », primé au Festival de comédie de Liège et sélectionné au Festival de l’alpe d’huez lui ouvre les portes de prestigieuses agences créatives et sociétés de production.
Les projets de cet artiste pluridisciplinaire sont choisis avec soin. Peu importe le médium, Tom Bartowicz accorde une importance particulière aux messages qu’ils véhiculent. La création de l’exposition photos “Cri d’alerte” pour l'association "La Voix de Sarah apparaît comme une évidence.
la petite histoire de ce projet.
Le 5 janvier, en présence de Brigitte Macron, la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie OUDÉACASTÉRA, a remis la médaille de Chevalier dans l'ordre national du Mérite à Sarah Abitbol pour son combat contre les violences sexuelles. C'est à cette occasion que l'exposition photo "Cri d'alerte" réalisée dans le cadre de l'association "La Voix de Sarah" a été présentée en grande première.
Sarah,la présidente
Sarah Abitbol débute le patinage artistique à l'âge de 5 ans et devient rapidement une patineuse prometteuse. Au cours de sa carrière, elle participe à de nombreuses compétitions nationales et internationales (championnats de France, championnats d'europe, championnats du monde, Jeux olympiques...) et remporte un palmarès prestigieux. Depuis 2003, Sarah Abitbol poursuit sa carrière professionnelle en tant que guest star dans plusieurs émissions d'holiday on Ice à travers l'europe. Elle perpétue sa passion pour le spectacle en mettant en scène sur glace des scènes originales retraçant son parcours de championne. Créée par Yves Barta et chorégraphiée par Sarah elle-même, la mise en scène s'inspire de ses exploits sportifs et de son combat personnel pour délivrer un message d'espoir pour
tous et faire rêver petits et grands. En plus de ses performances, l'athlète de patinage artistique travaille à faire évoluer les mentalités, elle s'adresse régulièrement au grand public à travers des conférences et des discours. Elle est aujourd'hui une figure emblématique d'un mouvement qui ne cesse de prendre de l'ampleur. L'exposition de photos "Cri d'alerte" réalisée dans le cadre de son association symbolise le combat de sa vie. La patineuse veut libérer la parole mais aussi l'écoute. Depuis son témoignage, 50 fédérations ont été touchées et plus de 900 cas d'agression ont été confirmés, tous sports confondus.
La voix de Sarah
En plein mouvement #Metoo, la sortie du livre de Sarah " Un si long silence " suivi quelque temps plus tard du documentaire sur France 2, a provoqué une véritable onde de choc qui a ébranlé le monde du sport. En libérant sa parole, après 30 ans de silence, Sarah Abitbol a également libéré celle des autres. Pour sensibiliser et aider toutes les victimes de violences sexuelles, la patineuse a décidé en 2022 de créer "La Voix de Sarah", une association qui propose un large éventail d'interventions. Sa mission est d'accompagner et de soutenir les victimes et leur entourage. Pour cela, l'association travaille avec des psychologues et des juristes afin de proposer une prise en charge globale et pluridisciplinaire : psychologique, sociale et juridique. "La Voix de Sarah a également pour objectif de sensibiliser la population par le biais de conférences et d'interventions dans différents milieux (sportifs, scolaires, etc.). L'association s'est associée à Fantasmagorie et au photographe et réalisateur Tom Bartowicz pour créer l'exposition photographique "Cri d'alerte" qui traite des violences sexuelles dans le sport. Sarah veut protéger la nouvelle génération d'athlètes : "Dénoncer, c'est bien, mais continuer le combat, c'est mieux". "La Voix de Sarah propose également des ateliers de patinage "bien-être" avec méditation et respiration. Inspirés de la méthode Wim Hof basée sur la respiration et l'exposition au froid, ces ateliers permettent aux victimes de se réapproprier leur corps sur la glace, de mettre des mots sur les actes subis et de libérer leur esprit de l'emprise du stress.
L’exposition
A travers une sélection de 20 photographies inédites en France, l'exposition "Cri d'alerte" aborde le thème des violences sexuelles dans le monde du sport. L'objectif de l'exposition est de poursuivre le travail de libération de la parole lancé par Sarah. Continuer à briser le tabou qui entoure souvent les agressions sexuelles, encourager les victimes à parler librement et à chercher de l'aide. L'ambition de "Cri d'alerte" est de sensibiliser de manière subtile, d'ouvrir des discussions tout en proposant une exposition visuellement agréable. Sarah étant impliquée dans le monde du sport, le choix d'ancrer l'exposition dans ce contexte s'est imposé naturellement. Les photographies ont été prises dans plusieurs centres sportifs afin de représenter différentes disciplines et différentes victimes. Néanmoins, l'exposition s'adresse à tous et l'équipe artistique et l'association espèrent que le message passera bien au-delà du cadre sportif. La photographie est un moyen de sensibiliser, de mettre en lumière les histoires des victimes. Elle permet de figer un moment dans le temps, de capturer un regard, un geste, un sentiment, une émotion. Dans cette exposition, les victimes de cette violence sont mises à l'honneur. L'artiste Tom Bartowicz represents the psychological and physical experience they go through. Each photo has its own concept and arouses a singular emotion. Tom Bartowicz, with his attention to detail, manages to tell us a whole story in one shot. Some photographs flirt with the unreal and have a light touch of dreaminess. The photographer makes us discover painful realities through original and poetic works.