LA SEINE-ET-MARNE PORTE ENCORE DES STIGMATES
Le Département de Seine-et-Marne ressent encore des effets de la cyberattaque qu’il a subie en novembre 2022.
DU MIEUX à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) de Seine-etMarne? Depuis le 21 août, elle peut accueillr à nouveau le public sans rendez-vous. Ce n’était plus le cas depuis la mi-juin. Le personnel pouvait ainsi se concentrer sur l’instruction de 19000 dossiers en attente. Tous déposés avant la cyberattaque qui avait frappé, début novembre 2022, le Département.
Pour assurer une forme de continuité, son admistration s’est dotée de clés 4G et mis en service 1 800 numéros de téléphone portable et des extensions de forfait pour des salariés. Montant de la facture : 25 000 €.
Une “rançon” de 10 milions d’euros
Vers la fin novembre, le Département affirmait avoir détecté l’origine de l’attaque. Sans en dire davantage, sinon qu’un PC portable avait fait office de point d’entrée. Un des fichiers retrouvés lors de l’analyse du parc informatique (dont 3 500 ordinateurs sur l’ensemble des sites départementaux) contenait une demande de rançon : 10 millions d’euros. Officiellement, il n’y a pas eu de suite, malgré le refus de payer... Certaines données ne seront pas récupérées. À la compta, par exemple, on a tiré un trait sur celle d’octobre, car « trop de risques ». Le service a commencé à retrouver un fonctionnement informatique correct en début d’année, après avoir rempli à la main des milliers d’ordres. Il a d’abord travaillé sur un logiciel de secours, en suivant les consignes du Trésor public.
La gestion du paiement des aides sociales s’est révélée difficile, à tel point que l’opposition a dénoncé un « [bricolage] avec la CAF ». Des accords de teneurs diverses se sont en tous cas noués pour proroger des versements. Par exemple, ceux de l’AAH (Aide aux adultes handicapés) et de l’AEEH (Allocation d’éducation de l’enfant handicapé).
Prestations sociales : un casse-tête pour le Département
Le Département a également pris des mesures pour les aides qu’il a à sa charge, comme la PCH (Prestation de compensation du handicap). La tension se situe sur les droits qui devaient s’ouvrir après novembre, qu’ils soient liés à de nouveaux dossiers ou à des changements de situation. En mai, le Département assurait que certains de ses agents s’étaient portés volontaires pour accélérer le traitement des dossiers. Ainsi avait-il pu actualiser « plus de 9 500 dossiers individuels » depuis le 13 mars, date officielle du début de rétablissement des logiciels impliqués. «Avant la cyberattaque, le délai global moyen de traitement d’un dossier était de 4,5mois contre 8,3mois aujourd’hui», avait-il finalement déploré en juin, dans le cadre d’un point de situation sur la MDPH. Et d’évoquer la sollicitation d’une dizaine d’opérateurs occasionnels de saisie... en plus, donc, de la réaffectation du personnel chargé de l’accueil. Promesse d’alors: d’ici à l’été, avoir régularisé tous les versements PCH bloqués, avec effet rétroactif. La mise sous pli manuelle des décisions prises – en l’absence de flux vers le prestataire – n’accélère pas les démarches. Aux dernières nouvelles, les musées départementaux restent en accès gratuit, faute de pouvoir encaisser les paiements. Le Conseil départemental de Seine-et-Marne a pour sa part voté une modification des dotations prévisionnelles : avec la cyberattaque, des investissements prévus en 2022 ont été reportés sur le budget 2023.